Lotfi OUENNICHE - Nos cœurs sont avec nos frères d'Egypte. On souhaite la victoire de leur révolution et l'affranchissement du peuple égyptien du joug de la dictature et de l'asservissement. Sans prétendre s'ériger en donneurs de leçons, ni de revendiquer le leadership d'un mouvement irréversible de l'histoire, les Tunisiens se sentent concernés plus que quiconque dans le monde arabe par les événements en Egypte. Car la révolution déferlant sur le pays du Nil est en quelque sorte la leur et le prolongement naturel de leur combat pour la liberté et la dignité. Et le monde entier reconnaît aux Tunisiens leur rôle précurseur dans ce qu'on est convenu d'appeler l'effet domino qui fait trembler plus d'un régime dans la région. Et si des voix se sont vite élevées en Egypte pour crier victoire, alors que le régime est encore solide en place, et même si des personnes, emportées par un chauvinisme excessif prétendaient pouvoir chasser leur président en quatre jours seulement alors que les Tunisiens y ont mis un mois , le peuple tunisien est déjà entré dans l'histoire et reconnu comme le héros de l'ère de renaissance de la nation arabe. Et il est, aujourd'hui, le plus habilité à ressentir à leur juste valeur les souffrances qu'endure le peuple égyptien et les sacrifices qu'il est en train de consentir pour les avoir vécues lui-même quelques jours auparavant. Des similitudes, d'ailleurs, se font jour dans les pratiques de répression des deux régimes et de leurs méthodes dilatoires pour se maintenir au pouvoir contre le gré de leur peuple. Seulement, la situation du peuple égyptien est plus difficile. Le régime, allié fidèle et garant des intérêts de plusieurs puissances, dont Israël, ne lâchera pas prise facilement et peut compter sur un appui de ses « amis » pour une prolongation de survie, mais pour combien de temps ? L'essentiel est que la volonté du peuple égyptien est inébranlable. Il brave quotidiennement le cessez-le-feu pour clamer son ras-le-bol. Et, aujourd'hui, ils seront un million de manifestants sur la Place Ettahrir, au Caire, pour donner le coup de grâce à un régime à l'agonie.