La participation citoyenne, les droits humains, la gouvernance démocratique, l'Etat de droit et la transparence, la liberté des médias…constituent incontestablement les piliers d'une Tunisie délivrée de l'oppression. Les dirigeants doivent impérativement obéir aux valeurs démocratiques, mais aussi répondre aux revendications sociales. C'est autour de ces concepts fondamentaux qu'un débat ou plutôt un échange informel a eu lieu mercredi au siège de l'Association tuniso-américaine des études de gestion (Taams), organisé à l'intention des jeunes issus des régions défavorisées et en présence des composantes de la société civile, notamment les représentants de certaines associations de jeunes qui ont fait écho de leurs aspirations et de leurs besoins. Le débat a été dirigé par Mme Nabila Hamza, sociologue, représentante de la Fondation pour le futur, qui a rappelé les récents événements de Tunisie, les espoirs qu'ils ont suscité et les énergies nouvelles dans la perspective d'un développement démocratique véritable qui doit être basé sur une gouvernance responsable et une participation citoyenne active. La fondation pour le futur a pour but d'encourager le développement et la démocratie, tout en apportant son soutien financier et technique aux organisations de la société civile de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, convaincue du rôle essentiel que ces derniers ont à jouer dans le processus de la réforme et au changement social et politique. Organisation «très gouvernementale» La société civile s'articulait autour de multiples organisations «très gouvernementales» qui s'organisaient dans les rencontres internationales au nom des principes des droits de l'Homme et s'accaparaient l'argent public, outre celui des particuliers. La société civile tunisienne retrouve peu à peu sa liberté après plusieurs décennies d'autoritarisme et de restrictions. Ainsi, de nouvelles initiatives citoyennes émergent et de nouveaux groupes se constituent portant l'espoir de tout un peuple avide d'une liberté d'association retrouvée et sans doute bientôt élargie par la loi. Le débat tenu mercredi s'inscrit dans cette optique et la fondation donne la possibilité de formuler librement les projets qu'elle souhaite développer en faveur de la promotion de la démocratie et de la protection des droits humains. Toutefois, elle portera une attention toute particulière aux initiatives visant à développer l'éducation civique et les valeurs de citoyenneté, et de participation démocratique auprès de la jeunesse, les ressources humaines et la formation à la gouvernance démocratique pour les cadres et personnel des institutions et de services publics, à renforcer l'obligation de rendre des comptes, la transparence et la lutte contre la corruption, enfin à améliorer la participation et la compétence citoyenne dans le processus de contrôle des organismes publics ou étatiques, en particulier, dans les domaines de la sécurité et des finances publiques. L'appel à projet de la fondation s'adresse aux organisations de la société civile tunisienne et vise les projets proposant une programmation nationale ou régionale et touchant de larges segments de la population tunisienne. Les futures organisations intéressées peuvent consulter le site de la fondation : www.foundationforfuture.org. De l'ordre vital Par ailleurs, le débat s'est voulu fructueux et créateur d'idées entre les différentes parties présentes à cette rencontre et lors duquel les jeunes se sont exprimés. Certains diplômés, d'autres pas trop scolarisés ayant suivi leur formation au sein de la Taams ont dénoncé la stigmatisation des quartiers populaires et l'infantilisation des jeunes et de leurs aspirations et ont par là même appelé au financement de projets qui répondent aux besoins de la vie, loin de toute résonance politique. Ici, la préoccupation est de l'ordre vital. Le mot d'ordre gagne-pain a retenti fort par des jeunes et des associations marginalisés durant des décennies. L'éducation à la citoyenneté s'est reliée au second plan par rapport aux besoins réels des jeunes, notamment l'emploi et la création de projets. Le système d'octroi des microcrédits et les pseudo-concepts de solidarité longtemps véhiculés par le pouvoir déchu ont été dénoncés lors de cette rencontre.