Situation économique actuelle et perspectives de l'économie nationale, deux mois après le déclenchement des prémices de la révolution, tels sont les principaux thèmes d'une conférence de presse donnée, hier à Tunis, par M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. M. Nabli a relevé, à l'occasion, qu'il était essentiel, à l'heure actuelle, d'accorder la plus grande importance à la question économique et d'envisager les mesures nécessaires pour relancer cette activité. Il a, en outre, précisé que malgré la situation sécuritaire critique des premiers jours, des indices positifs ont été enregistrés, citant, notamment, le déroulement des transactions bancaires dans des conditions normales et la reprise de l'activité du marché financier. S'agissant des distributeurs automatiques de billets saccagés en marge des émeutes et dont le nombre s'élève à 280, il a précisé que 74 ont été rétablis. D'un autre côté, certains indicateurs négatifs appellent à une prise en main rapide de la situation. Ainsi la réserve en devises qui était de 13 milliards de dinars à la fin décembre est passée à 12,2 milliards de dinars aujourd'hui, une baisse due, notamment, au recul des exportations. Des perturbations diverses continuent, en outre, à peser sur l'activité économique. Il s'agit, surtout, de l'arrêt de travail dans un certain nombre d'entreprises. La diminution de la notation de la Tunisie par les agences internationales est un autre facteur qui pèse sur l'économie tunisienne. Le gouverneur de la BCT a, aussi, déclaré que si l'économie tunisienne a, à ce jour, su faire face à tous ces problèmes, certaines craintes se rattachent à la période future, appelant, à ce propos, tous les concernés à être responsables et raisonnables et à reprendre le rythme normal de travail. Pour rétablir un rythme économique normal, le gouverneur a souligné qu'il était primordial d'assurer la reprise du travail au sein des entreprises, de dépasser certains problèmes financiers et de reconquérir la confiance des marchés extérieurs en respectant les délais de livraison et en conservant la compétitivité du produit tunisien. M. Nabli a, en outre, attiré l'attention sur l'importance de préserver les équilibres financiers. S'agissant des revendications sociales, il a noté que certaines sont légitimes et peuvent être réglées dans l'immédiat et que d'autres, même si elles sont légitimes, ne peuvent être traitées que par étapes, invitant les citoyens à prendre conscience de l'urgence de reprendre un rythme normal de travail afin de sauver l'économie du pays Le gouverneur de la BCT a annoncé, en marge de cette conférence, que le montant des crédits bancaires contractés par 182 entreprises relevant de 23 groupes appartenant à des membres et des proches de la famille de l'ancien président s'élève à 2.500 millions de dinars. On apprend, en outre, que la plus grande part de ces financements était accaparée par quatre grands projets, à savoir Carthage Cement, TunisieSucre, Tunisiana et Orange, sachant que la somme des financements dont bénéficient ces projets est de l'ordre de 1.300 millions de dinars. Le gouverneur précise que plusieurs banques publiques et privées ont participé à ces financements. Pour ce qui est des implications de ces financements sur le secteur bancaire, M. Nabli relève qu'elles sont inhérentes au degré de risque de ces crédits, ajoutant que la BCT a réalisé une évaluation primaire de ces risques. Il a annoncé que 430 millions de dinars, en particulier, sont rattachés à des risques importants.