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Seule la sécurité nous évitera une insécurité économique Le gouverneur de la BCT - Mustapha Kamel Nabli fait le point sur l'état des Finances dans le pays
2500 millions de dinars : les emprunts bancaires au profit du clan Ben Ali, soit 5% de l'ensemble du financement du secteur financier 1770 millions de dinars peuvent être récupérés; 430 millions font l'objet de dangers variables Dans sa deuxième apparition lors d'une conférence de presse, M. Mustapha Kamel Nabli, Gouverneur de la BCT (Banque Centrale de Tunisie), a évoqué plus d'un sujet : la situation économique actuelle du pays, les résultats et enquêtes élaborées, jusqu'ici, des avoirs et des sociétés appartenant aux membres des familles Ben Ali et les Trabelsi et leurs alliés, la nécessité d'une reprise de plus en plus urgente afin de minimiser les effets des turbulences vécues lors des dernières semaines, la nécessité d'un sécurité qui semble encore handicaper l'économie de tout le pays outre la continuité du financement du secteur financier et bancaire ainsi que l'annonce de la création d'un Fonds Citoyen qui sera un fonds de collecte d'argent et qui sera mis « sous le contrôle de personnes sélectionnées de la société civile qui veilleront à sa gestion, selon les priorités». Dans l'objectif de brosser une image d'ensemble sur le secteur financier en Tunisie, le Gouverneure a commencé par souligner une « amélioration ainsi que des signes positifs qu'il faudra consolider. Nous assistons à une continuité de l'activité financière et monétaire d'une façon presque régulière ». Cette régularité de l‘activité a engendré un regain de confiance chez les banques surtout avec « une activité presque normale des banques avec leurs clients malgré les pertes ». Le Gouverneur a rappelé dans ce cadre que 105 agences bancaires ont été saccagées et que pas moins de 280 DAB (Distributeur Automatique de Billets), dont seulement 74 DAB ont repris leur activité. « La BCT, affirme M. Nabli, continuera à alimenter les banques surtout que nous avons enregistré la reprise du marché financier, qui malgré une régression au niveau des actions et du Tunindex lui-même, représente une situation acceptable ». Aucune pression sur la monnaie (le Dinar) n'a été enregistrée ce qui signifie une continuité presque normale et un taux de change n'ayant connu aucun effet. Ce qui est cependant à noter c'est cette régression des réserves en devises étrangères. « Au début du mois dernier, nous comptions près de 13 milliards de dinars en devises étrangères, soit 147 jours d'importations. Actuellement on ne compte que 12,2 milliards de dinars en devises étrangères, ce qui veut dire une baisse des jours d'importations à 139 jours seulement, d'où la nécessité d'une reprise normale des activités économiques, qu'elles soient celles d'exportation ou du tourisme » a aussi précisé M. Nabli, selon qui « ce sont des indicateurs économiques négatifs, car si les solutions peuvent être envisagées dans les périodes courtes à venir. Les remèdes aux effets de ces pertes, si elles perdurent, prendront du temps». Les pertes peuvent être encore plus considérables surtout si elles commencent à toucher les investissements, qu'ils soient locaux ou étrangers, ainsi qu'en termes de rating par les agences internationales. « L'économie nationale a certes réussi à résister, mais si beaucoup d'entreprises ne reprennent pas leurs activités normales, cela sera nuisible au rendement de tout le pays. Pour le moment il est difficile de faire des évaluations, mais je dois dire qu'il existe beaucoup de flou et d'incertitudes ». Le plus grand souci dont le Gouverneur de la BCT n'a cessé de mentionner c'est celui de l'insécurité, une insécurité qui taraude les touristes et les investisseurs étrangers, mais il s'agit d'une « insécurité qui pourrait tourner en une insécurité économique qui aura quant à elle des effets à long terme, d'où l'impératif de reprise de l'ensemble des activités économiques. Une reprise qui va sans doute rétablir l'ordre pour l'ensemble des entreprises économiques, que ce soit sur le plan de leur productivité que sur le plan de leur compétitive », a aussi laissé entendre M. Nabli. 5% de l'ensemble du financement du secteur bancaire Le deuxième grand volet de cette conférence de presse a été consacré aux avoirs des membres des familles du clan déchu. « En collaboration avec les banques nous avons travaillé pour limiter les crédits et les avantages dont avaient bénéficié les membres de ces familles » a dit M. Nabli. Ainsi, ce sont 182 entreprises économiques appartenant à ce clan et qui ont bénéficié de financements de quelque 2500 millions de dinars ! Soit 5% de l'ensemble des financements du secteur bancaire tunisien. Quatre projets en représentent 50%, soit 1300 millions de dinars, il s'agit de Carthage Cement, Tunisie Sucre, l'acquisition de 25% de Tunisiana et la part dans le capital de l'opérateur téléphonique Orange. « Beaucoup (6) banques ont contribué à ces financements, des deux secteurs public et privé ». Nous n'avons pas réussi à savoir quelles sont les banques privées, mais il s'agit de la STB, de la BNA et de la BH côté public, même si M. Nabli a refusé de se prononcer sur ces banques, indiquant qu'elles « annonceront leurs parts dans ces financements auprès du CMF, puisque leurs actionnaires seront les plus concernés ». Il faudrait aussi savoir que 70% de ces financements « sont dans un petit risque », puisque les banques ont eu des garanties suffisantes, soit 1770 millions de dinars ayant de bonnes chances d'être recouvrés, alors que les 30% restants, soit 430 millions de dinars, font état de « dangers variables et risquent d'être classés ». Ce qui est sûr c'est que les banques ayant financé certains de ces projets auront à subir des effets très néfastes sur leurs résultats, de plus elles seront contraintes de couvrir ces créances ce qui poussera ces banques à minimiser leurs marges bénéficiaires. Le Fonds Citoyen dont la création a été annoncée par M. Nabli « est un fonds de collecte de fonds pour la résolution de problèmes sociaux dans certaines régions. Un compte va être créé au sein de la BCT au nom de ce fonds qui sera assujetti à un mécanisme de gestion et dont la direction sera assurée par des personnes sélectionnées de la société civile, ce qui le dotera de la transparence et permettra de déterminer les priorités d'intervention, sans aucune intervention du gouvernement ».