«Stop‑! C'est fini». «Débile», «lamentable», «nul», «petite phrase». C'est en substance avec ses mots que le nouvel ambassadeur de France en Tunisie, M. Boris Boillon, s'est adressé aux journalistes tunisiens qui ont accepté son invitation jeudi. Depuis son arrivée mercredi à Tunis, M. Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie, a multiplié les apparitions médiatiques. Et il n'avait pas seulement l'argument de la langue arabe qu'il maîtrise bien ! Il avait aussi celui de la jeunesse conjugué à une énergie et un bagou qui ont pourtant convaincu les Tunisiens lors de son passage sur Nessma TV. Mais il y a des jours où la jeunesse risque de produire un surplus d'adrénaline très nuisible aux médias. Cela s'est passé donc dans les locaux de l'ambassade de France (et les journalistes s'en souviendront‑!), lors d'une rencontre de presse à laquelle plusieurs journalistes n'ont pas été conviés. On se demande d'ailleurs sur quels critères le casting des journalistes a été fait. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le nouvel ambassadeur a raté son entrée et a déclenché la réaction de milliers d'internautes en passant une «savonnade» à deux de nos consœurs. L'une d'elles pose une question relative à l'affaire de la ministre des Affaires étrangères, Mme Michèle Alliot-Marie, et là surprise ! On assiste à un changement de niveau du discours qui vire de la sphère diplomatique à la sphère émotionnelle. «Franchement‑! Vous croyez que je suis de ce niveau-là‑? Vous croyez que je suis dans la petite phrase ?», «N'essayez pas de me faire tomber sur des sujets débiles». Impensable réponse de la part d'un diplomate et une vraie secousse pour notre consœur qui n'en croyait pas ses oreilles. Une autre consœur de Radio Mosaïque, dans une interview une demi-heure plus tard posera à l'ambassadeur une question sur son âge qui pourrait inspirer quelques inquiétudes aux Tunisiens. Et là M. Boris Boillon fulmine ! «Laissez-moi débuter ma mission… Je suis un ambassadeur, respectez-moi. C'est lamentable, c'est nul», dit-il en chassant d'un geste brusque le micro et la main de la journaliste. On voit mal cette nouvelle page française s'écrire en Tunisie sans le respect de ses journalistes. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les Tunisiens se sont mobilisés en créant une page Facebook solidarité avec les journalistes. On y lit : «Vous avez tous vu son arrogance face à la journaliste ? On ne peut pas l'accepter !». Une réaction pour le moins choquante de la part d'un «homodiplomaticus» français connu pour son sens de la formule et du tact. Le 13/12/09 dans une interview accordée à l'Est Républicain, M. Boris Boillon dira : «Les Français ont souvent l'image d'un Ferrero Rocher quand ils parlent d'un ambassadeur (référence à la publicité) moi je veux lutter contre ça !». Soit ! Mais pas aux dépens des journalistes tunisiens‑! Aujourd'hui, nous sommes des journalistes libres. Nous préférons le respect au Ferrero Rocher.