Condamnés à végéter sur le banc, les doublures de la JSK n'ont pas fini de manger leur pain noir ! Interrogé récemment sur la vraie raison qui a motivé l'annulation du match amical devant opposer la JSK à l'ESZ, Okbi a rétorqué que ses joueurs, qui avaient livré deux jours plus tôt un match amical à l'EST, ne pouvaient pas récupérer en quarante-huit heures et qu'il n'était pas opportun de faire seulement appel aux jeunes doublures pour s'acquitter de cette tâche. Pour la petite histoire, au cours de la semaine de stage bloqué à Sousse, l'équipe-fanion a disputé le premier match amical prévu face à l'OB, et l'a remporté sur le score de 2 à 0, alors que l'équipe «B» constituée de doublures a essuyé une défaite face au même OB sur le score de 3-1, juste trois jours plus tard. Les choix de Mourad Okbi Ne voulant probablement pas revivre le même scénario, face à l'ESZ, Okbi a préféré annuler tout bonnement cette confrontation amicale, jugée de trop et sans grande utilité à l'heure qu'il est. Voilà une position édifiante — à plus d'un titre — riche en enseignements et qui en dit long sur l'état d'esprit et le mode d'appréciation du coach kairouanais. Il faut reconnaître, tout de même, que depuis l'avènement de Okbi, les Aghlabides ont gagné en ambition et en consistance et ont pu, grâce à leurs trois dernières victoires remportées en quatre matches, conforter leur classement au milieu du tableau. Il faut admettre aussi que Okbi a fait confiance à quatre joueurs du cru. Ainsi, en refusant un match amical qu'il n'était pas assuré de gagner en faisant confiance à ses doublures, même dans une confrontation amicale et sans aucune incidence sur l'avenir et sur l'image de marque de son équipe, Okbi nous amène à penser qu'il est intransigeant et pointilleux sur le degré de préparation de son équipe-fanion et qu'il ne recule devant rien pour déprécier ses doublures et les abandonner à leur sort. Or, tout le monde sait que les wagons ont grand besoin d'une locomotive pour leur ouvrir la voie et les mettre sur les rails et, réciproquement, la locomotive a grand besoin de wagons pour accomplir sa mission et se donner une raison d'être. Pareil pour l'équipe type et les jeunes doublures. Les doublures méritent d'être plongées dans le bain de la compétition (amicale et officielle) pour se roder au contact de leurs aînés, affûter leurs armes, recharger leurs accus et par conséquent garder le moral, la flamme et le goût de jouer. Parallèlement, les titulaires, qui savent pertinemment qu'ils sont guettés par les «réservistes», se déploient à fond, font preuve d'émulation et d'abnégation et jouent avec davantage d'application et de maîtrise pour réussir. Bref, une équipe d'avenir se construit à partir de ses joueurs-phares, de ses éléments chevronnés et rompus à la rude compétition, mais aussi à partir de ses doublures et des jeunes du cru. Chaque joueur est dans l'obligation d'apporter sa pierre à l'édifice et d'amener sa valeur ajoutée au groupe qui n'aura de sens que dans une dynamique interactive. C'est en s'imbibant de culture footballistique, d'esprit de corps et de fair-play que les joueurs, jeunes et moins jeunes, titulaires et doublures, parviennent à épouser la même cause et à travailler en parfaite symbiose. L'entraîneur n'a pas intérêt à trop calculer, à opter pour les deux poids, deux mesures ou à favoriser les privilégiés et à enfoncer les laissés-pour-compte. La fin ne justifie pas toujours les moyens et il est mal indiqué de ne pas accorder des chances réelles aux joueurs les plus compétitifs et les plus enthousiastes, même en amical, sous prétexte qu'ils risquent de ne pas s'en tirer.