Il aura suffi d'un penalty intercepté par Rami Jéridi pour voir la Tunisie disputer l'apothéose du Chan. Le football tient à si peu de choses... Pari tenu pour les Aigles de Carthage. En dépit d'une conjoncture difficile (préparation à la hâte en raison des récents évènements qu'a connus la Tunisie), ils ont su se hisser en finale du Chan après avoir eu raison d'une sélection algérienne qui n'a point démérité. Sous les yeux du président de l'Uefa, Michel Platini, du président de la Fifa, Joseph Blatter, et du premier responsable de la Fédération zambienne de football, Kalusha Bwalya, les protégés de Sami Trabelsi ont su garder la tête froide pour s'imposer suite à l'implacable loterie des tirs aux but. Si le score aurait pu basculer d'un côté comme de l'autre, vu l'équilibre des forces en présence, les Fennecs ont eu toutefois du mal à poser leur jeu en première mi-temps et à se défaire du pressing de zone adopté par la Tunisie. Jeu léché et pressing de zone... Avec un 4-3-1-2 souple, la Tunisie a évolué via un jeu fait de passes courtes et de triangulations où les permutations, les dédoublements et les accélérations fulgurantes de Dhaouadi sur le couloir gauche n'ont pas manqué de matérialiser la plus grande intelligence de jeu des Tunisiens. Il faut dire que la formation algérienne a eu du mal à imposer son style en première période tellement le Tunisie avait l'emprise sur le jeu. C'est donc le plus naturellement du monde que les Aigles de Carthage voient leurs efforts récompensés dès le premier quart d'heure suite à un déboulé de Dhaouadi et un «rush» rageur de Kasdaoui. La Tunisie aurait pu par la suite enfoncer le clou et carrément tuer le match mais la précipitation d'un côté et le manque de coordination offensif de l'autre ont quelque peu retardé la sentence... L'Algérie se rebiffe... Cependant, les Aigles de Carthage auraient pu payer lourdement le tribut d'une certaine usure physique en seconde période. Avec des Algériens qui en voulaient, à la reprise, la donne a nettement changé. Abdelhak Benchikha a opéré un recentrage tactique payant, outre des consignes de jeu en bloc. Vélocité et grinta ont par la suite caractérisé le jeu d'une équipe algérienne qui s'est également distinguée par le gain des duels et une monopolisation ( relative) du ballon. Il faut dire également que l'entrée de Hadj Aissa n'a pas manqué de donner du fil à retordre à l'équipe tunisienne. Coups de reins, vista, fraîcheur et vitesse d'exécution de ce dernier n'ont pas manqué d'emballer la rencontre et tenir en respect la Tunisie. Résistance et réalisme... Si le football n'est pas une science exacte, connaître les ficelles du métier, prendre le pouls de l'adversaire et changer son fusil d'épaule selon les circonstances du match peuvent s'avérer payants. Et c'est ainsi que la nette domination territoriale de l'Algérie ( en seconde période) a été récompensée par un but de l'inévitable Djabou. Kasdaoui a d'ailleurs souligné la persévérance et la rigueur des Fennecs : «C'est une sélection très forte dans ses trois compartiments. Ils nous ont acculés dans nos derniers retranchements mais notre détermination a quelque peu couvert un certain passage à vide en seconde période». Cela dit, bien avant le chef-d'œuvre de Djabou, Soudani, Yekhlef, Maiza et Hadj Aissa avaient l'égalisation au bout des crampons mais c'était compter sans la solidarité défensive de la Tunisie. Une fois l'équilibre rétabli, il manquait aux algériens ce supplément d'âme pour traduire leur domination par un second but qui leur aurait évité d'aller aux prolongations. Inconsolable, le portier Zemmamouche relativise: «Evidemment que nous sommes déçus par cette élimination, quand on sait qu'on a tout donné pour atteindre notre objectif qui était la finale. Sur ce, la Tunisie possède de très bons joueurs et il était attendu qu'on rencontre des difficultés pour passer. C'est ça le football. Parfois tu gagnes, d'autres tu perds, on n'y peut rien. Cependant, on ne regrette rien, car on a tout donné et surtout joué nos chances à fond. L'épreuve des tirs au but ne nous a pas souri. Voilà tout. Il ne faut surtout pas remettre en cause le gros travail qu'on a effectué jusque-là». Des paroles qui en disent long sur l'état d'esprit d'un groupe qui possède une grande marge de progression. Il est vrai que l'Algérie a bénéficié d'une préparation d'avant Chan assez pointue et complète, ce qui n'a pas été le cas de la Tunisie. Toutefois, il aura suffi d'une Panenka interceptée par Rami Jéridi pour voir la Tunisie en finale du Chan. Le football tient à si peu de choses...