• Un hôpital militaire de campagne d'une capacité d'accueil de 210 lits • L'armée nationale arrête deux mercenaires africains Des vagues de réfugiés fuyant la dégradation croissante de la situation sécuritaire en Libye gagnent, quotidiennement, le poste frontalier de Ras Jdir. Désespérés, terrifiés, agressés, tous les étrangers habitant l'ouest de ce pays v oisin tentent d'accéder au territoire tunisien et fuir le cauchemar. Ayant besoin de soins, de nourriture et de réconfort, les réfugiés, pour la plupart des Egyptiens, sont acheminés vers un camping militaire, installé à 6,5 kilomètres de la frontière. Après avoir accueilli près de 650 personnes, le camp s'apprête à gérer les arrivées qui, selon les prévisions, devaient atteindre 1.800 personnes. Et le bilan est susceptible de s'élever lors des prochains jours. Le colonel-major Mohamed Soussi nous a rassuré que les forces armées sont prêtes à tous les scénarios. Dans l'une des tentes dressées par l'armée nationale, on a rencontré Saïd, un Egyptien, qui nous à déclaré‑: «On vient de Zouara. Certains Libyens nous ont défendus à maintes reprises. On était accompagnés jusqu'à la frontière. L'un d'entre eux nous a tout payé. En Tunisie j'ai senti la sécurité. Ici, Au camp militaire, tout est disponible. Je suis très reconnaissant vis-à-vis de la solidarité des Tunisiens». Ne partageant pas l'avis de Saïd, l'un des réfugiés a déploré plusieurs pratiques humiliantes des bandes qui forment des barrages sur la route. Il a déclaré‑: «Ils obligent les passagers à payer 50 livres pour permettre le passage. De même, les policiers nous ont maltraités. Heureusement que j'ai passé la frontière. C'est mon premier jour en Tunisie, et je suis ravi par l'accueil des citoyens et des autorités tunisiennes. On est chez nous». Au poste frontalier Un peu plus loin, au poste frontalier de Ras Jdir, la situation est beaucoup plus animée, voire chaotique. Tout le monde attend son tour pour partir. La place en amont des barrages douaniers s'est transformée en une gare routière. Le transport est assuré par une trentaine de bus, touristiques ou appartenant à plusieurs sociétés régionales de transport, ainsi que des louages et plusieurs véhicules particuliers. Dans la foule, on a rencontré Moncef, originaire de Sidi Bouzid, commerçant à Sobrata, qui a relevé‑: «Après une semaine de terreur à la maison, j'ai laissé tout derrière moi. J'ai loué une voiture avec des compatriotes et on s'est aventuré sur la route pour rejoindre la frontière. Parmi les Libyens il y a ceux qui nous ont soutenus et assistés. Mais au niveau de la douane libyenne, l'un des officiers m'a demandé de l'argent.» Un autre Tunisien de Zaghouan, et serveur dans un café, nous a déclaré‑: «C'est un vrai cauchemar. Après les discours de Gueddafi et son fils, le peuple libyen a changé d'attitude envers les étrangers. A l'instar des autres nationalités, les Tunisiens ont été accusés d'actes de violence et de vandalisme qui ont été en fait commis par des mercenaires. J'étais victime d'une agression de la part d'une bande de Libyens. On m'a cassé une côte. Pis encore, hier à l'hôpital de Sobrata un Tunisien a été tué par des Libyens». Et d'ajouter‑: «Je tiens à préciser, aussi, que plusieurs Tunisiens sont coincés à Tripoli. Certains sans papiers sont obligés de se procurer un laissez-passer pour quitter l'enfer. Malheureusement nous sommes très déçus des services consulaires qui ne répondent à aucun appel ou à une quelconque requête.» En consécration de la solidarité totale avec les réfugiés, plusieurs caravanes humanitaires ont débarqué à Ras Jdir, en provenance de toutes les régions de la Tunisie.