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«Le statut avancé ne peut être conclu qu'avec un gouvernement légitime»
Le chef de la Délégation de l'Union européenne à Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 02 - 2011

M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur, chef de la Délégation de l'Union européenne (UE) à Tunis, a estimé que la Tunisie est à même de s'organiser pour créer les conditions d'une reprise de l'activité économique et avoir un flux migratoire "normal" vers l'Europe.
Il a précisé dans une interview accordée à l'Agence Tunis-Afrique Presse (TAP) que l'accord sur le statut avancé sera conclu avec un gouvernement élu démocratiquement.
Comment avez-vous perçu la révolution tunisienne?
J'ai été surpris par la rapidité des évènements. Dès le 2 janvier dernier, j'ai commencé à établir des contacts un peu partout dans le pays, pour comprendre ce qui se passe. Au départ, c'était une révolte sociale maîtrisable mais après ce n'était plus le cas, car le régime a atteint le point de non-retour, en donnant l'ordre aux snipers de tirer sur les citoyens tunisiens.
Maintenant, les Tunisiens se sentent vraiment libres, s'expriment, font la grève.... Mais, la liberté est associée à la responsabilité, il faut être conscient que la prise de décision entraîne des conséquences et a un impact sur l'évolution du pays et la construction de son avenir.
Quelle sera la répartition de l'aide européenne de 258 millions d'euros, dont une première enveloppe de 17 millions d'euros, annoncée par Mme Ashton (chef de la diplomatie européenne) à Tunis?
Nous avons un programme de coopération en route qui porte sur l'éducation, l'emploi, la justice, l'agriculture, la gestion de l'eau, l'énergie et l'environnement. Ces secteurs sont aujourd'hui d'une importance particulière pour ce pays appelé à s'intégrer économiquement à l'Europe. La Tunisie a besoin de créer des conditions de travail appropriées et favorables à la création d'emplois.
La Délégation voulait travailler sur le problème du chômage, mais notre champ d'action était restreint. Nos relations étaient limitées au ministère du Développement et de la Coopération internationale et relativement restreintes à quelques départements techniques, ce qui était insuffisant et ne permettait pas d'atteindre les objectifs affichés.
Désormais, les contacts avec les responsables pourront se faire aussi au niveau des ministères techniques, des régions et des organisations gouvernementales ou non gouvernementales (ONG) qui sont en contact direct avec la population. Il s'agit d'un changement d'attitude de taille. Avant, nous n'avions jamais eu la possibilité de travailler directement avec les ONG, dont plusieurs sont actives dans différents domaines: agriculture, femmes, activités sociales...mais elles ne sont pas toujours indépendantes.
Maintenant, nous allons aider ces structures, mais pas seulement celles du secteur public, à mieux faire leur travail (formation, matériel, activités..). Déjà, la semaine dernière, nous avons rencontré avec les responsables de l'Unicef une vingtaine d'ONG.
Les contacts sont également établis avec les ONG européennes qui ont, enfin, l'accès libre au pays. Elles peuvent désormais travailler avec les organisations tunisiennes. Les organisations d'Europe sont financées par leurs membres et peuvent apporter des montants substantiels, alors qu'auparavant ces financements étaient bloqués.
Jusqu'à présent, la Délégation n'a pu réaliser que quelques petits projets avec des groupements agricoles, l'UTAP (Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche) et avec des organisations travaillant avec des familles en détresse, notamment à Aïn Draham, moyennant un financement modeste (près d'un million d'euros).
Maintenant, nous pouvons faire davantage pour ces organisations et mobiliser les ONG européennes pour apporter leur aide à la Tunisie.
Les autorités tunisiennes nous ont donné toute la liberté pour travailler avec les ONG tunisiennes et européennes. De grandes possibilités de coopération sont à créer et à stimuler dans ce pays.
Comment avez-vous fixé avec les autorités tunisiennes les priorités en matière de financement de projets?
17 millions d'euros ne constituent qu'une première tranche, il y a 240 millions d'euros en route qui seront utiles pour les régions.
Pour ce qui est de la répartition de cette première enveloppe annoncée par Mme Ashton, la priorité sera donnée à la préparation des élections et leur déroulement. A cet égard, 5 à 6 millions seront consacrés à leur financement. La deuxième priorité concerne les ONG, entre 1,5 à 3 millions d'euros seront consacrés tout de suite aux organisations non gouvernementales. Il s'agit de petites structures, qui ne peuvent gérer que de petites sommes.
La troisième priorité est accordée à la promotion des droits de l'Homme. Des financements seront octroyés à la Ligue tunisienne des droits de l'Homme ainsi qu'à d'autres organisations actives dans ce domaine (formation, vigilance sur le respect des droits de l'Homme).
La quatrième priorité porte sur l'aide devant être apportée aux trois commissions d'investigation créées en Tunisie, afin de les accompagner dans leurs activités. La Commission pour la réforme politique et la transition démocratique bénéficie déjà d'une aide. La Délégation entend, aussi, assister la Commission d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption et la Commission nationale d'établissement des faits sur les abus.
La cinquième priorité est liée aux besoins exprimés dans les régions en situation difficile. Il faut aider les régions, immédiatement, mais également à moyen terme. Il faut créer des projets de microfinances pour les petites entreprises, assister les familles qui ont tout perdu pendant la révolution ou qui sont en détresse.
Pour cela, il importe d'identifier les familles dans le besoin, en collaboration avec les personnes en contact direct avec eux. A titre d'exemple, je cite l'Association des femmes démocrates, qui joue un rôle important dans ce domaine.
Il s'agit, parallèlement, d'identifier les activités économiques et sociales à développer dans les régions. La Délégation européenne dispose d'un budget annuel d'environ 90 millions d'euros pour assister la Tunisie, lequel peut être augmenté à 120 millions d'euros. Grâce à ce financement, nous pouvons faire beaucoup de choses.
Qu'en est-il de la réunion sur la Tunisie et l'Egypte, organisée le 23 février à Bruxelles par l'UE ?
L'UE a organisé une réunion de hauts fonctionnaires à Bruxelles pour aider la Tunisie et l'Egypte, mais la Tunisie a reconnu ne pas s'être préparée pour participer à cette réunion, ni d'ailleurs l'Egypte et qu'il fallait attendre pour mieux connaître les vrais besoins de la Tunisie. C'est normal, il faut prendre le temps de voir ce qui se passe et pouvoir présenter des données chiffrées. Il y a un besoin de mobiliser les agents économiques, pour pouvoir fixer les premières nécessités et définir les perspectives sur le long terme.
Nous pouvons apporter notre assistance notamment pour ce qui est de la promotion de la bonne gouvernance au niveau des douanes, des impôts et de la justice.
Avec un climat d'investissement basé sur la transparence et la justice, le pays va devenir très attractif non seulement pour les touristes et les investisseurs étrangers, mais aussi les investisseurs tunisiens qui, s'ils ont confiance en les institutions nationales, vont aller dans les régions. Avec la révolution, la coopération Tunisie-UE sera plus libre et plus confiante et permettra de créer des projets sur le long terme.
La conférence de Carthage est une très bonne initiative et permettra de présenter avec plus de précision les vrais besoins de la Tunisie et les risques encourus par les secteurs du tourisme et de l'investissement.
La BEI a annoncé son intention de débloquer un milliard d'euros pour la Tunisie. Cette aide a-elle été confirmée?
M. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d'Investissement, va venir la semaine prochaine en Tunisie et se prononcera sur les financements prévus.
La BEI, très active dans le pays, lui a accordé 432 millions d'euros en 2009 et 500 millions d'euros en 2010, ce qui représente près d'un milliard d'euros consacrés à des projets dans les domaines du transport, des PME, de l'environnement, de la dépollution ...autant d'activités créatrices d'emplois.
Maintenant, les projets pourront s'accélérer surtout avec l'apport d'un milliard d'euros supplémentaire, ce qui constituera pour la Tunisie un important portefeuille de projets avec la Banque européenne.
Avec la disparition de la chape de corruption, les bonnes relations Tunisie-UE vont être beaucoup plus efficaces à tous les niveaux.
Comment se déroulent, aujourd'hui, les négociations sur le statut avancé?
Quand les négociations sur le statut avancé ont commencé en septembre 2010, notre plus grand problème concernait le chapitre de la gouvernance: liberté d'expression et démocratie. Aujourd'hui, le peuple tunisien a déjà décidé pour lui-même d'un statut avancé. L'Europe cherche à définir un plan d'action pour soutenir le processus de démocratisation. Mais il est difficile de négocier avec un gouvernement de transition. Un accord politique comme celui sur le statut avancé ne peut être conclu qu'avec un gouvernement légitime, élu démocratiquement.
Pour ce qui est des négociations, j'ai proposé de faire une autre consultation en Tunisie avec la société civile, pas seulement les défenseurs des droits de l'Homme, mais aussi avec les opérateurs économiques, les agriculteurs et les personnes qui représentent les familles en détresse en Tunisie. Nous allons mener des consultations sur le statut avancé dans plusieurs régions, pour connaître leurs attentes, en commençant par Sidi Bouzid.
Où en est l'accord d'association Tunisie-UE?
L'accord d'association pourra toujours être actualisé, cela dépend de l'évolution de la situation dans toute la région. Je pense que d'autres peuples de la région vont suivre cette vague.
L'intégration des rives nord et sud de la Méditerranée nécessite de renforcer un certains nombre d'objectifs, en se référant à ceux du Sommet de Barcelone.
Comment appréhendez-vous la situation en Libye?
Nous observons ce qui se passe en Libye à travers les médias et des gens sur place. Nous avons constaté qu'une partie de la Libye n'est plus sous contrôle de Kadhafi et que les tribus libyennes sont en train de réagir.
L'UE a pris la décision d'arrêter les négociations sur l'accord cadre avec la Libye. Mais, il s'agit là d'une situation de guerre, qui représente un grand défi pour l'Europe. Il faut laisser les évènements se dérouler, même si c'est douleureux. L'histoire ne peut pas s'arrêter.
Quelle attitude va adopter l'UE face à l'affluence des immigrés ?
La Libye compte 2 millions de réfugiés provenant de pays africains, l'Europe s'organise au fur et à mesure, mais les opinions divergent au sein de l'Union, sur la manière de traiter ce phénomène. Certains se sentent plus impliqués, d'autres sont plus prudents.
Toutefois, l'Europe agit pour accompagner le flux migratoire et se prépare en coordination avec les organisations spécialisées : Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, organisation internationale pour les migrations et bureau européen d'aide à l'asile.
Je pense que de manière générale, les peuples européens sont plutôt disposés à recevoir des réfugiés en détresse.


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