Les manifestants qui s'étaient rassemblés, dimanche soir, devant le domicile de M. Mohamed Ghannouchi, semblent prendre goût à la chose. Hier, vers 13 heures, une partie d'entre eux se sont retrouvés au même endroit à El Menzah V pour exprimer leur sympathie au Premier ministre démissionnaire et répondre à son appel relatif à la nécessaire expression de ce qu'il avait appelé, dans son discours de démission, «la majorité silencieuse». De là, alors qu'ils étaient à peine 300 ou 400 personnes, ils se sont déplacés à pied jusqu'au Palais des sports de la Cité olympique d'El Menzah où le rassemblement, qui a vu ses rangs grossir jusqu'à atteindre près de 3.500 personnes, s'est prolongé jusqu'à 20h30. Les manifestants, dont certains ont scandé, au début, «le peuple veut le retour de Ghannouchi», se sont entendus pour ne plus parler au nom du peuple, dans la mesure où seules des élections sont en mesure de déterminer qui représente réellement le peuple. Les manifestants entendent, par là même, dénier aux participants au sit-in de la Kasbah de parler au nom du peuple. Ils ont poussé la discussion entre eux à propos de la nécessité de garantir la stabilité et le retour à une activité économique normale ainsi que la reprise des écoles, lycées et universités. Pour eux, travail et démocratie ne sont pas contradictoires. Des slogans hostiles à M. Abdessalam Jrad ont été entendus. Les manifestants voient en M. Mohamed Ghannouchi le symbole de la victoire de la dictature de la rue. Ce sentiment s'est consolidé avec les démissions de MM. Afif Chelbi et Nouri Jouini. De sorte qu'ils se sont promis de se retrouver tous les jours, de 17h00 à 19h00, devant la coupole du Palais des sports de la Cité olympique d'El Menzah 1, et ce, affirment-ils, jusqu'à l'instauration de la démocratie en Tunisie. Les participants mettent en avant leur détermination à ne pas interrompre leur action avant l'élection d'un président et d'un parlement élus démocratiquement et l'instauration d'une nouvelle Constitution qui garantisse les libertés et le respect de la volonté populaire. Les manifestants, qui ont été contactés par des citoyens des régions, comptent essaimer dans d'autres zones du pays dès que possible. Une page facebook a été créée : «Union des Tunisiens libres pour la démocratie», qui sera désormais leur point de ralliement.