Par Dr Saadeddine ZMERLI Le sit-in à la Kasbah par des milliers de jeunes manifestants qui s'est prolongé plusieurs semaines et qui vient d'être levé par les discours libérateurs du président de la République et du Premier ministre interpelle les citoyens et notamment les militants des droits de l'Homme quant à sa légitimité. Il est actuellement l'objet d'un débat. Le recours abusif au sit-in, empêchant les commerçants d'exercer leur métier et les riverains de vivre en paix, est contraire au principe de la démocratie elle-même que les organisateurs prétendaient défendre. S'il reconnait à chacun le droit d'exercer sa liberté conformément à la loi, cet exercice ne peut être justifié par l'occupation d'une place publique qui n'appartient à personne en particulier, mais à la collectivité entière, privée ainsi de la liberté d'expression. C'est ainsi que s'exprimait Mounir Kchaou dans son article publié dans le journal « La Presse » du 5 mars où il répondait à Mokhtar Trifi, président élu de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme —la Ltdh‑—, sur le droit au sit-in. Nous approuvons pleinement les considérations de Mounir Kchaou sur le sit-in et sur l'éventuelle adhésion de la Ltdh au Conseil de la protection de la Révolution. Ce n'est pas le rôle de la Ltdh. La Ligue a établi sa crédibilité, non pas parce qu'elle était la première organisation non gouvernementale (ONG) tunisienne et première organisation des droits humains dans le monde arabe et en Afrique en 1977, mais parce qu'elle a su garder son indépendance par son comportement et ses actions, une indépendance à l'égard du pouvoir, des partis politiques et des associations. C'est en défendant impartialement les droits de l'Homme en tenant compte de notre charte dont fait parti le Code du statut personnel, que la Ligue a pu assurer son rôle de contre-pouvoir et acquérir la place qu'elle occupe aujourd'hui auprès de la société civile et des organisations internationales. Elle doit garder son indépendance et accueillir en son sein lors de son prochain congrès, les citoyens qui savent que s'investir dans cette association requiert une totale adhésion à sa charte. * Ancien président et membre fondateur de la Ltdh