• Au port El Ketf, le camp émirati dispose de 60 tentes (8mx6m) pour l'hébergement des familles libyennes • L'hôpital marocain a prodigué plusieurs soins La crise libyenne a mobilisé des efforts tous azimuts. Des dons des jeunes enfants tunisiens aux prestations des organisations internationales en passant par les efforts des forces de l'armée nationale, tout le monde a contribué pour contenir les répercussions néfastes de la crise libyenne. En effet, sur la route de Ben Guerdane à Ras Jedir, plusieurs camps sont installés pour accueillir les réfugiés de toutes les nationalités et fournir un large éventail de services. En plus du camp de Choucha, de nouvelles constructions en cours sont visibles. Le nombre de camps est susceptible de s'élever, notamment avec la prise de conscience progressive de la société civile internationale que le pays voisin est au bord du gouffre. Le camp des Emirats Arabes Unis au Port El Ketf Des efforts louables sont consentis par les EAU pour contenir la crise en Libye et apporter de l'aide aux Libyens. En effet, en coordination avec le Croissant-Rouge émirati et l'association caritative «Zayed», un camp pour les réfugiés libyens a été dressé au port El Ketf. Le second responsable de l'équipe de secours émiratie, M. Mansour Mohamed Said Edhaheri, a mentionné que c'est la plus grande unité du dispositif d'aide au peuple frère. Il a expliqué que «pour gérer la crise en Libye, nous agissons sur trois fronts. Le premier à Salloum (frontière avec l'Egypte), où la situation est plutôt calme, le deuxième en Turquie pour acheminer les aides humanitaires de médicaments et de couvertures au port de Benghazi et le troisième, le plus important, est ici en Tunisie». Et d'ajouter: «Actuellement, nous sommes 30 personnes et le nombre sera porté à 110 dans les prochains jours». Efficacité oblige, ce camp a été conçu à la lumière d'un rapport élaboré par une équipe qui a évalué la situation, notamment le nombre des réfugiés, leurs nationalités et leurs besoins. Pour l'hébergement, il a précisé qu'«on a dressé 60 tentes (8mx6m), capables d'abriter une vingtaine de personnes chacune. Mais pour le confort des réfugiés, on a programmé l'affectation de seulement 10 personnes par tente, soit une capacité globale de 600 personnes». Un restaurant de campagne a été installé pour servir 1.000 personnes. «Tous les ingrédients seront achetés du marché local pour garantir la fraîcheur des repas», a ajouté le responsable. Pour ce qui est des services de santé, le camp est doté d'un hôpital de campagne assurant des soins de premier niveau. A cet égard, il a expliqué que «d'après les études et analyses menées, on a estimé que la situation ne nécessite pas la mobilisation d'une importante unité hospitalière. Mais, à Abou Dhabi, un hôpital de campagne complet est prêt, avec tout son staff. Si la situation se dégrade, on est capable d'installer tout l'hôpital, avec toutes ses spécialités, en moins de 24 heures. Déjà le terrain d'à-côté est assaini et les projecteurs sont installés». De l'autre côté, la crise en Libye ne cesse de s'aggraver, et risque de se prolonger plusieurs mois. De ce fait, les autorités émiraties envisagent la passation de la gestion du camp à l'administration tunisienne pour continuer à servir les familles libyennes fuyant la guerre. L'hôpital de chirurgie de campagne marocain Les Marocains, pour leur part, ont opté pour les prestations médicales. A Choucha, ils ont installé un hôpital de chirurgie de campagne qui assure des consultations de médecine générale, d'urgence et des consultations spécialisées. On compte 11 spécialités. Pour ce faire, on a fait appel aux services d'un staff de 24 médecins, 21 infirmiers, ainsi que 25 personnels de soutien, a précisé M. Khaled Sair, médecin en chef de l'hôpital de chirurgie de campagne. Sur un tableau, au fond de la tente, on a constaté qu'en trois jours, ont été réalisées cinq interventions chirurgicales, l'accueil de 632 malades, 886 prestations de soins et 598 ordonnances pour obtenir des médicaments de la pharmacie de l'hôpital. S'agissant de la situation générale du camp des réfugiés de Choucha, le médecin a précisé que «la situation n'est pas catastrophique, mais il faut rester vigilant quant aux risques d'épidémies, surtout qu'un bon nombre de ceux qui passent les frontières souffrent de plaies et de blessures». Et pour un scénario catastrophe avec une affluence massive de dizaines de milliers de réfugiés, il a rassuré : «En collaboration avec l'hôpital de campagne militaire tunisien, le Croissant-Rouge et toutes les organisations présentes, on aura largement les moyens pour gérer toute affluence massive de réfugiés». Dans cet hôpital mobile, il y a un laboratoire d'analyses médicales, un service de radiologie et d'échographie, une salle d'opération, deux lits de réanimation et deux unités d'hospitalisation. Mais on remarque le manque de prestations psychiatriques. Sur ce point, il a expliqué : «Ne serait-ce que l'espoir d'être évacué, après le cauchemar vécu en Libye, est de nature à apaiser la détresse psychologique des réfugiés». Les deux pays ont fait preuve de beaucoup de volonté et de détermination pour secourir les réfugiés qui ont fui la Libye. Un message fort pour d'autres pays arabes, qui ne manquent pas de moyens et de richesses naturelles. On garde toujours l'espoir de voir des bateaux portant les drapeaux de certains pays pétroliers accoster dans nos ports pour accélérer le rapatriement des réfugiés. Nouvelle vague de réfugiés libyens • Une quatrième naissance enregistrée Les Libyens sont les plus nombreux à affluer vers le point de passage de Ras Jedir, en provenance de Libye. Entre vendredi minuit et samedi à 15h00, 881 Libyens ont franchi la frontière tuniso-libyenne sur un total de 1167 arrivants. En même temps, 70 Bangladais sont arrivés au camp de Choucha où le nombre de ces ressortissants a atteint les 11 mille 656 personnes dont certains sont bloqués sur place depuis 15 jours vu la lenteur des opérations de rapatriement les concernant. M. Firas Kayel, porte-parole du haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a indiqué, à la correspondante de l'agence TAP, qu'à partir de la semaine prochaine, le rythme du rapatriement des Bangladais va s'accélérer pour atteindre les 4.000 personnes par jour et ce, en partenariat avec plusieurs pays et organisations. Par ailleurs, les 574 réfugiés somaliens ont refusé leur rapatriement au Soudan, réclamant l'aide de la communauté internationale pour être expatriés vers des pays européens ou américains, tandis que les 797 soudanais ont protesté contre la lenteur de leur rapatriement par leur gouvernement. Hier, une quatrième naissance a été enregistrée dans la zone frontalière de Ras Jedir (la mère est somalienne). Depuis le 20 février dernier, 124 mille réfugiés ont franchi la frontière tuniso-libyenne. Quotidiennement et depuis seulement quatre jours, une quarantaine de camions transportant des produits alimentaires se dirigent vers la Libye.