MOSCOU (Reuters) — Au vu de la dégradation de la situation au Proche-Orient, particulièrement durant la semaine écoulée, les milieux diplomatiques ne s'attendent à aucune percée spectaculaire lors de la réunion, prévue de longue date, du Quartette des médiateurs internationaux demain à Moscou. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et la nouvelle haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, retrouveront dans la capitale russe le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. La Russie, en quête de l'influence perdue de l'ex-Union soviétique au Proche-Orient, souhaitait au départ accueillir une réunion de suivi de la conférence de paix organisée en novembre 2007 à Annapolis, dont l'ancien président américain George Bush attendait une relance du processus de négociations. Mais ce processus s'est d'abord enlisé, avant de tomber en panne lors de l'intervention israélienne à Gaza, à l'hiver 2008-2009, et la volonté du Président Barack Obama de le relancer s'est heurtée à l'intransigeance d'Israël, notamment sur la question des colonies, qui a provoqué la pire crise entre Washington et Israël depuis 1975. Hillary Clinton a qualifié mardi d'insultante l'annonce, il y a une semaine, au beau milieu d'une visite du vice-président Joe Biden en Israël, de la construction de 1.600 nouveaux logements pour des Juifs dans la partie orientale annexée de l'agglomération d'Al Qods. Elle a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de lui fournir des preuves formelles de sa volonté de paix et fait savoir qu'elle attendait toujours sa réponse. Dans le même temps, le Président palestinien Mahmoud Abbas a exclu d'engager les pourparlers indirects que souhaitent organiser Washington. «Club de diplomates coûteux» «Les réalités vont dans le sens contraire de celui du quartette», souligne Evguéni Stanovski, président de l'Intitut d'études moyen-orientales de Moscou. Puisque les deux camps s'éloignent l'un de l'autre, les efforts internationaux ne résoudront rien, prédit-il. Le Quartette, que Stanovski qualifie de «club de diplomates très coûteux», a annoncé qu'il allait procéder à «une analyse approfondie de la situation actuelle», mais n'a rien promis de plus, même si Ban Ki-moon a exprimé avant son départ pour Moscou «sa grande préoccupation» de la situation sur le terrain. La Russie, qui a critiqué comme ses trois partenaires le projet de nouveaux logements à Al Qods-Est, n'a pas non plus fait miroiter des chances de progrès lors de la réunion de 24 heures du Quartette. «Franchement, je ne crois pas que la Russie soit en attende quoi que ce soit», confie le rédacteur en chef du journal Global Affairs, Fiodor Loukianov. L'affaire paraissant entendue, Loukianov et d'autres analystes russes reportent leur attention sur l'occasion que ce déplacement fournit à Hillary Clinton de faire avancer les pourparlers avec Moscou sur un nouveau traité de réduction des armes nucléaires et de nouvelles sanctions envers l'Iran. «Pour Clinton, la réunion du Quartette n'est qu'un prétexte solide de venir à Moscou et de tenter encore de donner un nouveau départ» aux relations américano-russes, estime l'analyste Lilia Chevtsova, du centre Carnegie de Moscou. Pour la Russie, ce rendez-vous permettra de renforcer son image d'«honnête courtier» aux yeux des pays arabes et de tenter d'attirer leurs investissements, notamment dans le secteur de l'énergie, note de son côté Chris Weafer, analyste à la banque d'investissement Ouralsib.