L'affaire Laggam continue à faire couler beaucoup d'encre et de salive. C'est que derrière cette «affaire», c'est tout l'arbitrage qui est en procès… Trafics de tous genres, luttes d'influence, falsifications, résultats tronqués, allégance à des personnages influents : des décennies durant, notre arbitrage a souffert de maux endémiques qui ont sérieusement «sali» son image de marque et sa crédibilité. Aujourd'hui, la grande famille de l'arbitrage essaie de remettre de l'ordre dans la maison et de faire son mea culpa, mais l'entreprise est rendue compliquée par la permanence de certains personnages et l'apparition de lourds dossiers. C'est que le contentieux est énorme et les avis partagés concernant la méthode à entreprendre pour assainir l'ambiance et repartir de l'avant. Faut-il «nettoyer» de l'intérieur ou alors attendre qu'un coup de massue vienne de l'extérieur ? Tout porte à croire qu'on se dirige vers la seconde solution. L'affaire Laggam : c'est grave ! En septembre 2010, remise des notes des arbitres par Naceur Kraïem (ancien président de la Commission de l'arbitrage) et ouverture des plis devant la sous-commission de la direction nationale de l'arbitrage. Présents à cette réunion, Younès Selmi, l'incontournable Rachid Ben Khédija, Habib Nani, Naceur Kraïem, Hichem Guirat et Zoubeïr Nouira. On décide d'ôter la plus mauvaise note aux arbitres inspectés, comme on enlève la note de Younès Selmi à Makram Laggam. Mais ce n'est plus important. Le plus important et le plus grave, c'est qu'on a «trafiqué» les notes de Gorgi, Hached et Melki à Laggam. C'est ainsi que le 7,40 de Gorgi se transforme en 8,70, que le 8 de Hached devient 8,80 et le 8 de Melki 8,50. Les notes écrites à la main sont revues à la hausse une fois tapées à la machine (et nous avons les documents). Par ailleurs, les rapports originaux sont à ce jour introuvables, alors que Younès Selmi avait demandé à Naceur Kraïem de confier l'enveloppe à Rachid Ben Khédija, responsable de la commission de formation, recyclage et examens. Précisons que dans le cas d'espèce, les notes accordées à Makram Laggam concernent le fameux match EST-CSHL. Rappelons pour la petite histoire que ce même Ben Khédija a écopé en 99 un blâme de la FTF (avec les chronométreurs) pour les tests Cooper de Sousse et Sfax que cette même FTF a décidé de refaire. C'est dire qu'il est… coutumier du fait. Toujours à propos de Rachid Ben Khédija, dont on connaît les protecteurs (heureusement dégagés avec l'ancien régime) et les pratiques, l'homme a déclaré sa démission à la radio et sur plusieurs journaux, mais il est toujours là, solide au poste. Pourquoi l'affaire Laggam? Pourquoi Ben Khédija? Parce que l'affaire est grave et parce que l'immobilisme à tous les niveaux nous interpelle, comme il interpelle tous ceux qui veulent que l'arbitrage rompe avec des pratiques que plus personne n'est prêt à accepter. Qu'attend-on pour publier le résultat de l'enquête? Qu'attend-on pour mettre des noms sur des coupables? Et qu'attend-on enfin pour les punir et les bannir?!