La contestation est devenue monnaie courante du côté de chez nous depuis le 14 janvier. Toutes les langues se sont déliées, libérées enfin du joug de la peur et des représailles sanctionnant immanquablement par le passé tous ceux qui se seraient évertués à se hasarder un peu loin sur le terrain grandement miné des brûlantes confidences. Certes, toutes les révélations, toutes les attaques ne sont guère fondées. Certaines sont mues par des desseins inavoués mais facilement décelables de règlement de comptes avec une marge non négligeable d'allégations fallacieuses et d'une perfidie frôlant le burlesque voire le grotesque tellement elles sont cousues de fil blanc ne trompant plus personne. Pour ne pas être en reste, ces derniers jours, une cabale sans précédent est orchestrée à l'endroit de la Direction Nationale d'Arbitrage (DNA) visant quoique à demi-mots à déstabiliser son patron Younes Selmi histoire de l'acculer dans ses derniers retranchements avec l'espoir de le voir rendre le tablier excédé par tant de non-dits sournoisement mais habilement distillés par ses détracteurs. Il faut dire que l'entêtement de ce dernier à ne point avoir recours aux arbitres étrangers pour nos chocs classiques n'a pas fait l'unanimité chez certains clubs et même parmi les fédéraux. Décision qui valut pour la première fois de l'histoire de notre football aux 12 sur les 14 (85%) arbitres et arbitres assistants internationaux d'être désignés par la CAF pour la même et unique journée du 27 courant pour officier les rencontres interafricaines. Pour en savoir plus sur ce qui se trame dans les arcanes de notre (DNA), nous avons pris attache avec le patron de l'arbitrage pour éclaircir et lever le voile sur toutes les zones d'ombre se rapportant à ce névralgique et non moins très sensible dossier qu'est notre arbitrage. Cédons-lui la parole : Le Temps : La mode étant désormais aux sit-in, les arbitres n'ont pas dérogé à la règle allant pour leur part de leur petit numéro devant le siège de la tutelle mais en nombre très réduit faut-il le souligner ; 12 seulement. Une explication pour les motifs de leurs protestations ? Younès Selmi : Ils m'en ont informé au préalable et ils étaient prêts à s'y rendre en masses avec un total avoisinant les 250. Mais je leur ai demandé de n'y déléguer qu'une douzaine représentative pour veiller au bon ordre et ne pas voir leur mouvement légitime basculer dans l'anarchie, la pagaille. Leurs principales et précises doléances étaient pourtant clairement « entassées » sur votre bureau depuis belle lurette mais sans suite favorable. Amélioration de leurs conditions de travail, rémunérations revues à la hausse, prise en charge de leur hébergement la veille du match, désignations équitablement réparties, nivellement d'intérêt pour les différentes ligues du pays, etc ? Dans ma réponse juste à la question précédente j'ai bien pris le soin de dire exactement « mouvement légitime ». Cela sous-entend que le plus clair de leurs revendications étaient logiques. Pourtant Anouar Haddad en recevant cette délégation a assuré à ses membres que le BF ignorait tout de l'affaire du moment que le patron de la (DNA) n'avait jamais soulevé ces questions lors des multiples réunions du BF. Du coup, personne ne comprend plus votre attitude d'occulter les réclamations de vos employés et surtout les dessous de pareil mutisme de votre part ? Lors de toutes les réunions que j'ai tenues avec mes subordonnées relatives à ce dossier, Anouar Haddad était à mes côtés assistant assidument aux débats. La dernière en date eut lieu à Mahdia lors de la clôture du séminaire organisé par l'amicale des arbitres où il était présent en chair et en os. Par ailleurs Ali Hafsi ces derniers jours a demandé expressément à Anouar Haddad et Jalel Tekaya d'accélérer le processus pour doubler les primes des matches pour les hommes en noir. Que voulez-vous de plus ? Donc pour ma part, le BF est parfaitement au fait de la situation et maitrise à la perfection ce dossier de réclamations soulevées par les arbitres. Prétendre ignorer tout de l'affaire est un non sens et ne mérite pas que je m'étale outre mesure là-dessus car ce serait de la perte du temps pour tout le monde. Passons à autre chose ! Makrem Laguem accapare encore une fois les feux de la rampe mais ce coup-ci avec grosse suspicion de manipulation frauduleuse de ses notes. Ce qui a poussé certains au sein même de votre maison à crier à la supercherie allant jusqu'à vous accuser entre les lignes de cautionner ce subterfuge voire d'en protéger le ou les instigateurs ? Lors de la fameuse rencontre EST-CSHL dirigée par Laguem, Salah Gorgi lui avait assigné 7,6 comme note pour sa prestation. Malheureusement, une erreur somme humaine s'est produite dans la transcription des chiffres devenant 8,7. Mais l'essentiel, c'est que cette erreur n'est pas entrée en ligne de compte au moment du décompte final car on s'est basé sur la première note de 7,6 pour la moyenne annuelle de cet arbitre. Je n'ai jamais protégé qui que ce soit et tous ceux qui me connaissent avec parmi eux ceux qui ont soulevé « maintenant » cette question, savent pertinemment que ce genre d'exercice n'est nullement mon terrain de prédilection, mon sport préféré et ne constitue nullement ma tasse de thé. Qu'en est-il alors de la commission mise en place pour statuer sur ce cas ? Les membres fédéraux Omar Farouk Gharbi, Tahar Khantèche et Mohamed Hedi Fouchali ont été désignés pour étudier les différentes péripéties de cette affaire avec cette précision de taille cependant : la (DNA) n'a pas été consultée quant à la composition de cette équipe d'investigation et encore moins sur son mode de fonctionnement ce qui ne manque pas d'interloquer pour ne pas dire autre chose. Car je considère avec force conviction que ma direction est la première concernée dans l'affaire et aurait du être avisée au préalable avant le coup d'envoi du travail de ce trio, mais bon ! Je pose cependant cette « innocente » question à la ronde : Pourquoi avoir tant attendu depuis l'apparition de cette pétition en ce sens au mois de septembre pour entamer maintenant cette procédure ? Vous avez l'air d'insinuer que certaines parties dans les coulisses seraient derrière le soulèvement de cette question actuellement à des desseins bien précis ? Serait-ce en rapport avec la vacance récente du poste de Rachid ben Khadija ? Inutile d'entrer dans les détails du moment que je suis convaincu que le linge sale se lave en famille et ne doit pas être étalé sur les journaux. Mais je pense que tout le monde sait exactement de quoi il tourne. Je n'en dirai pas plus pour l'heure avec cette précision : tous les tenants et aboutissants de ce « réveil » tardif de ce dossier, je les maitrise et domine à la perfection et dans les moindres détails. Rachid Ben Khadija a évoqué sur les ondes sa démission et a déserté depuis les arcanes de la (DNA). Pourtant il continue à mener la barque de sa ville natale Sousse comme si de rien n'était. Ce qui a permis à de nombreuses voix de s'élever contre pareil paradoxe et de vous accuser personnellement de cautionner son attitude en lui assurant votre solide parapluie ? Je n'ai encore rien reçu officiellement de sa part. Le programme suivi par les arbitres a été tracé par lui depuis plus d'un mois bien antérieurement à sa déclaration sur les ondes de cette radio privée. Je précise qu'il ne m'appartient pas de statuer sur son cas et que c'est la FTF qui le rémunère qui a toutes les prérogatives légales pour en décider. Je n'ai pu soulever la question lors des dernières réunions du BF du moment que le plus clair des membres étaient absents. Mais dès le retour au pays de Ali Hafsi, j'exposerai la question à mes collègues et on prendra la mesure idoine à ce propos en toute clarté et sans le moindre faux-fuyant, la moindre cachoterie, la moindre complaisance. Le temps des parapluies, que je n'ai jamais utilisés au passage, est bel et bien révolu et a disparu à jamais de notre quotidien, du moment que notre pays est entré depuis le 14 janvier de plein pied dans l'ère printanière de la liberté. Une dernière question si vous permettez, que représente pour vous personnellement Younès Selmi, la décision de la CAF de faire appel à 12 des 14 arbitres et arbitres assistants pour officier lors de la prochaine journée des joutes africaines ce 27 courant. Peut-on dire que c'est le fruit et surtout la preuve par quatre de la justesse de votre politique adoptée depuis votre intronisation à la tête de notre arbitrage de ne plus faire appel aux étrangers ? Cela vous disculperait-il vis-à-vis de vos détracteurs et flatterait-il quelque part votre ego personnel ? Me disculper vis-à-vis de qui et pour quelle raison? Je n'ai pas commis un crime de lèse majesté que je sache ! En adoptant après mures réflexions cette mesure, je n'ai jamais pensé à mon intérêt particulier mais j'ai mis dans la balance celui de notre arbitrage. Ne pas oublier que nous avons été snobés avec superbe et oubliés par la CAF pour les désignations des nôtres. Comment veut-on que cet organisme fasse confiance à nos arbitres s'ils sont désavoués chez eux par leurs propres décideurs et responsables avec cette affluence record d'arbitres étrangers pour nos matches « dits » chocs ? Maintenant la donne a changé et les barons de la CAF reconnaissent la valeur très élevée de nos hommes en noir. Voilà tout, et je n'ai aucune revanche à prendre sur qui que ce soit, l'essentiel pour moi et mes collaborateurs, c'est que notre cher pays retrouve au plus vite le rang qui sied le plus à son standing dans tous les domaines et pas seulement dans celui du sport. Propos recueillis par Mohamed Sahbi RAMMAH