Il fallait un peu s'y attendre : la profonde crise de l'arbitrage a fini par emporter les structures gérant ce secteur névralgique. La démission du patron de la Direction nationale d'arbitrage (DNA) était dans l'air. Remise verbalement le soir même des graves incidents du stade 15-Octobre de Bizerte, puis retirée en pleins conciliabules pour amener les hommes en noir à arrêter le mouvement de baycott des sifflets en Ligue 1, elle a été présentée à nouveau de facto lorsque Younès Selmi choisit de durcir sa position devenue radicalement hostile au bureau fédéral, tempestant contre les «incohérences et l'incompétence» de l'instance suprême. Son intention devenait on ne peut plus claire : atteindre le point de rupture à partir du moment où il étala des critiques virulentes dans les médias. Saisi de cette attitude qui ne laissait plus à vrai dire aucune marge de doute, le bureau de la FTF, déjà fragilisé par une disgrâce dans laquelle il tomba aux yeux des clubs professionnels, a tourné sans regrets la page Selmi. Quand bien même celui-ci passait désormais, a fortiori après le virulent coup de gueule du soir des violences du stade de Bizerte, pour un repère incontournable et hautement populaire au regard des referees de tous bords, y compris ceux officiant dans le foot amateur puisque Selmi avait alors avoué que la grave agression subie par un arbitre à El Gtar, dans le Sud-Ouest, l'avait mis en émoi et décidé de jeter l'éponge. Le coup de gueule de Zoubeïr Nouira Les tractations menées mercredi dernier auprès de Hichem Guirat et, selon certaines sources, de Naceur Kraïem n'ont pas abouti d'autant que ce dernier, par exemple, avait mauvaise presse auprès des referees, lesquels lui reprochaient d'avoir cherché à torpiller le dernier mouvement de grève. On dut finalement se rabattre sur le numéro deux de la DNA, son coordinateur général Habib Nani, même si le profil et la condition «d'éligibilité» n'étaient pas remplis. Nani n'a, en effet, jamais été arbitre international dans une carrière «brisée» par un désaveu des instances des années 70 qui se gardèrent de sanctionner le virtuose du club sfaxien, Hamadi Agrebi expulsé par le même Nani, sacrifiant de la sorte un arbitre en vogue sur l'autel des sacrosaints intérêts de l'équipe nationale à la veille d'un match décisif contre le Maroc. Il préféra donc prendre une retraite prématurée. Jeudi dernier, Habib Nani s'est donc réuni avec Anouar Haddad, président de la FTF, et les membres fédéraux Hédi Lahouar et Rafik Jarraya, donnant son accord pour chapeauter la commission d'arbitrage alors qu'en fait, la responsabilité de la DNA restera vacante jusqu'à la fin de la saison. Ce qui ne change au fond rien à la substance. Autre nomination, celle de Mourad Daâmi à la tête de la sous-commission de formation et de recyclage, laquelle avait assisté dernièrement au départ de Rachid Ben Khédija. Mais comme les misères du secteur arbitral n'en finissent pas - décidément! - le soir du même jeudi enregistrait la défection de Zoubeïr Nouira lequel entend signifier son mécontentement vis-à-vis des fuites répétées concernant les désignations. Jeudi, en début d'après-midi, les médias bruitaient des échos de la désignation, pourtant non encore officielle, des arbitres pour les rencontres de la 18e journée de Ligue 1 prévues ce dimanche, mercredi et jeudi prochains : Mourad Ben Hamza pour CSHL-JSK, Kacem Ben Naceur pour ESZ-ST, Slim Belakhouas pour EGSG-CSS, Yosr Saâdallah pour OB-EST, Mohamed Ben Hassana pour ASM-CA… Nouira reviendra-t-il au bout du compte à de meilleurs sentiments? La spirale de la violence continue Expression de vœux de circonstance, Habib Nani a dit «s'employer vigoureusement à réinstaller la confiance au sein du corps arbitral lequel doit naturellement servir de vecteur de promotion du football». En contre-partie, il s'attend à «une protection de toutes les composantes de la corporation de la part de l'autorité fédérale pour éradiquer les menaces physiques et les humiliations morales auxquelles ils doivent faire face chaque dimanche», a-t-il prévenu. Le successeur de Younès Selmi devait être intronisé dans ses nouvelles fonctions après sa présentation, vendredi après-midi, à l'occasion de la réunion du bureau fédéral. Il n'en reste pas moins vrai que sa réussite va dépendre dans une large mesure du climat de sécurité dans les stades, facteur qui avait du reste amené l'ensemble du corps arbitral à observer un mouvement de grève des sifflets qui fera date. Et cela n'est toujours pas évident malgré la «panacée» du huis clos. Pas plus tard que mercredi dernier, à l'occasion de la rencontre des ligues amateurs Mdhila-Médenine, l'arbitre Mosrati et ses assistants ont été gravement menacés, puis agressés dans une partie qui n'était pas allée à terme. Que ce soit avec Selmi ou Nani, l'épidémie des agressions contre les arbitres n'est décidément pas près d'être éradiquée…