Elles seraient quelques centaines de milliers en Tunisie à en souffrir. Pour des raisons anatomiques évidentes, l'incontinence urinaire(IU) frappe, en effet, les femmes beaucoup plus que les hommes, les femmes âgées de plus de 65 ans que les jeunes. Jusqu'à aujourd'hui, elles n'en parlent que très peu ou pas du tout. Mais qu'est-ce que d'abord l'incontinence urinaire ? Selon la définition la plus courante, on parle d'incontinence quand une personne a des pertes d'urine, incontrôlables et involontaires de jour ou de nuit. Cette gêne n'a rien d'une maladie et serait plutôt la conséquence de troubles physiques ou psychologiques. Parce que les femmes et les hommes qui en sont affectés occultent ce handicap, la recherche scientifique a mis beaucoup de retard avant de s'intéresser à la question. Aujourd'hui, on sait qu'en Amérique du Nord, par exemple, elle toucherait une femme sur quatre d'âge moyen ou âgée, qu'en France elle affecterait quelques trois millions de femmes dont plus d'une femme sur trois entre 70 et 75 ans. Quant à la prévalence chez l'homme, elle est de 7 à 8% à partir de 65 ans et va en augmentant avec l'âge. Toutefois et à cause de nombreuses campagnes de sensibilisation, les personnes concernées ont fini par passer outre la gêne et la honte et accepter de se faire soigner. Depuis, on est beaucoup plus informé sur la question. Ainsi la recherche a pu établir que les personnes à risque sont les femmes qui ont subi une intervention chirurgicale telle que l'ablation de l'utérus, les personnes exposées à des infections urinaires répétitives et fréquentes, les hommes atteints de troubles de la prostate et les personnes âgées en cas de relâchement des muscles de la vessie. Chez nous, la question est encore taboue et il n'existerait pas beaucoup d'études la concernant ; quelques recherches ont, cependant, permis de se faire une certaine idée du handicap. Selon une étude (Evaluation de l'incontinence urinaire de la femme âgée) portant sur 30 patientes et effectuée par un groupe de médecins tunisiens, la prévalence de l'IU est de l'ordre de 30% pour la catégorie de patients âgés. Les causes de l'IU sont dues à des antécédents obstétriques dans la plupart des cas, vient ensuite une ménopause datant d'au moins 5 ans. L'obésité, la constipation, certains traitements médicamenteux ainsi que des infections urinaires sont autant de facteurs pouvant favoriser l'incontinence. Dans une autre étude se rapportant à 750 consultants dans un centre de santé de base à Tunis (*) et à majorité féminine, environ 25% déclarent être l'objet de troubles s'apparentant à l'incontinence urinaire. Cette fréquence va en augmentant avec l'âge. Trois facteurs de risque sont relevés : le diabète, l'incontinence urinaire du post-partum et la ménopause. «L'étude, concluent les auteurs, laisse penser que l'IU est occultée chez nous plutôt que rare». En parallèle et à l'occasion d'un congrès maghrébin d'urologie qui s'est tenu à Tunis, il a été prouvé que l'IU peut être traitée à l'aide d'une nouvelle technique chirurgicale. Celle-ci consiste à mettre en place, et par voie vaginale, une bandelette synthétique sous l'urètre. L'intervention est prise en charge et ne nécessite pas beaucoup de temps. Pour l'homme, la technique adoptée est différente et consiste en l'implantation d'un sphincter artificiel dont le coût est sensiblement élevé (5.000 D) et qui n'est malheureusement pas remboursé. –––––––––––––––– (*) La constipation, l'incontinence anale et l'incontinence urinaire. K.Bellagha, K.Abdallah et S.Ennigrou.