Talentueux et discret, Saïd Ben Saïd est un jeune producteur tunisien qui est entré dans la cour des grands. Son palmarès, jusque-là remarquable, lui avait valu la reconnaissance de ses pairs. On l'avait vu produire, en association avec UGC, des films de Téchiné, Patrick Chéreau, Alain Corneau, et faire tourner les plus grandes stars du cinéma, de Catherine Deneuve à Gérard Depardieu, de Miou Miou à Claude Brasseur, et d'Emanuelle Béart à Jean Reno. Ce jeune homme longiligne, aux lunettes à la Marcel Achard, rafraîchit l'image classique du producteur au gros cigare. Après une belle carrière, limitée au cinéma français, il s'impose aujourd'hui, au niveau international, en volant de ses propres ailes et en produisant au nom de SBS, sa jeune boîte de production…le dernier film de Roman Polanski, Le dieu du carnage, dont on célébrait récemment la fin du tournage. Adapté d'une pièce de Yasmina Reza, qui a longtemps triomphé au théâtre Antoine à Paris, ce film s'offre un casting extraordinaire avec pour vedettes Kate Winslett et Jodie Foster. Roman Polanski, le grand vainqueur des César, revient donc sur scène, grâce à un jeune Tunisien qui a décidé, quant à lui, de ne pas s'arrêter en si bonne voie. En effet, Saïd Ben Saïd enchaîne, en produisant un film avec Brian de Palma, Un crime d'amour, un remake du film de Corneau. Chez nous, on ne parle pas toujours assez de nos talents Tunisiens, ceux qui nous font honneur et portent, chacun dans son domaine, haut et fort, l'image de la Tunisie. N'est-il pas temps que cela change?