Quelques cas de blessés libyens soignés gratuitement en signe de solidarité avec le peuple libyen frère Situation critique, celle du secteur des cliniques privées à Sfax. La dizaine de cliniques que compte la ville connaît des difficultés sérieuses qui menacent certaines d'entre elles de fermeture. Les pertes sont énormes, le manque à gager est estimé à 70% du chiffre d'affaires. Secteur connu pour son dynamisme et son attrait pour les patients venus de Libye, les prestations sanitaires assurées par les investisseurs privés de la région de Sfax ne sont plus rentables. Les recettes sont désormais nettement inférieures aux dépenses. Un propriétaire d'une clinique privée connue au centre-ville de Sfax nous confie que les recettes du mois en cours n'ont pas dépassé les deux cent mille dinars ! Une somme qui ne couvre même pas la charge salariale de l'entreprise sans parler des autres dépenses indispensables au bon déroulement de la clinique. Est-ce la crise ? La réponse est affirmative, selon M. Youssef Ghayaza, président de la chambre syndicale des cliniques privées à Sfax. Pour lui, le risque de fermeture de certaines cliniques est réel. Ainsi, près de deux mille postes d'emploi direct parmi les paramédicaux et les autres employés risquent d'être supprimés. Cinq cents médecins et praticiens qui exercent dans ces cliniques sont également concernés. Mais quelles sont les causes de ce problème qui a commencé à voir le jour depuis la mi-janvier ? Il semble qu'à l'instar des autres entreprises en difficulté, les cliniques de Sfax ont subi de plein fouet les répercussions des événements qu'a connus la Tunisie durant et après la révolution du 14 janvier. En effet, le mal a commencé à se faire sentir dès le 12 janvier, soit deux jours avant la révolution. Les événements majeurs qui ont secoué la ville de Sfax, les grèves, les sit-in, le climat d'insécurité, la difficulté de transport des malades… bref, tout un climat défavorable qui a gravement affecté non seulement les cliniques mais aussi la bourse des clients dont le recours aux prestations sanitaires privées ne se fait que dans les extrêmes urgences. Ajoutons à cela le fait que les clients libyens, qui représentent près des deux tiers de l'ensemble de la clientèle, commencent à se faire rares à cause du climat d'insécurité qui régnait durant la deuxième quinzaine du mois de janvier et début mars. Solidarité avec le peuple libyen Pis encore, les évènements que connaît la Libye ont compliqué la situation pour les cliniques privées de la région, déjà fragilisées par l'impact de la révolution du 14 janvier. Plus de patients libyens dans ces cliniques à l'exception de quelques cas graves, pris en charge gratuitement en signe de solidarité avec le peuple libyen frère. Face à cette situation, la Chambre syndicale des cliniques privées à Sfax s'est réunie dernièrement dans le but de trouver les solutions qui s'imposent. Il s'agit d'abord d'étudier avec la CNAM la possibilité d'élargir la liste de prise en charge accordée aux cliniques pour qu'elle touche d'autres spécialités : les maladies cancéreuses, l'orthopédie, la chirurgie digestive et la neurochirurgie. A rappeler que ce genre de propositions a été discuté avec la CNAM bien avant la révolution. Ensuite, la Chambre syndicale œuvre à permettre aux cliniques privées, en tant que secteur sinistré, de bénéficier des subventions et avantages accordées aux autres entreprises en difficulté. Pour ce faire, la Chambre prévoit une rencontre avec les ministres de la Santé publique et des Affaires sociales. Enfin, les représentants des cliniques privées à Sfax comptent beaucoup sur la coopération avec les banques, notamment en cette situation très délicate. Ils proposent un décalage de paiement des crédits de banques. En attendant des solutions concrètes, les cliniques privées de la région sfaxienne continuent de travailler dans des conditions difficiles, mais sans perdre l'espoir en l'amélioration de la situation économique en Tunisie et sécuritaire en Libye.