Depuis des années, la Tunisie est devenue un pôle des soins médicaux. Libyens, Algériens, ou Africains, ils ont été 250 mille à venir ausculter ou se soigner chez nous à la même période – janvier, février – 2009. La chambre syndicale des cliniques privées (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat) révèle dans un bilan que 141 mille patients étrangers ont choisi la Tunisie pour des soins délocalisés durant les dix premiers mois de 2010. Actuellement, le secteur subit les mêmes revers que ceux subis par le secteur du tourisme. La révolution apportant son lot d'instabilité, momentanée, on l'espère, les patients étrangers semblent changer de cap. Une crise est alors vécue dans la pluspart des cliniques tunisiennes. En effet, la clinique privée El Manar par exemple dont la clientèle étrangère est de 80% n'en a reçu pour des consultations que 5% depuis le 14 janvier. Le Saint Augustin a perdu de 40 à 50% de ses patients. En 2010, 40% de ses patients furent des étrangers, aujourd'hui, on est à 0%. La clinique de la Soukra traverse également la même crise, mais les responsables restent optimistes et s'attendent à une potentielle reprise cette semaine. La clinique El Amen, a perdu quant à elle, 50% de ses patients étrangers par rapport à la même période de l'année dernière. Constitués essentiellement de Libyens, Mauritaniens, et Sub-sahariens, beaucoup de patients viennent en voiture se soigner en Tunisie. Ils doivent alors traverser tout le pays et avec le désordre et les informations se rapportant aux braquages, ces patients ont peur de s'aventurer dans notre pays. Il est vrai que d'un côté, les prisonniers lâchés, les milices dont on parle, la police qui entre en grève, n'améliore pas la situation. Les gens, même tunisiens, ont peur et ne veulent pas trop sortir à la rue. Rappelons qu'il y a deux semaines, l'hôpital Charles Nicolle a été attaqué et le personnel a vécu une nuit de cauchemar. Avant-hier, se sont les lycées qui ont été attaqués, on ne sait toujours pas par qui… La situation n'est néanmoins pas catastrophique. La Tunisie n'est pas en guerre et les citoyens ne sont pas en confrontation armée. D'un côté, la peur est justifiée et d'un autre, la situation sécuritaire n'est pas au niveau de l'alerte rouge. Les rumeurs participent beaucoup à nourrir la peur. Sachant que ce n'est qu'une situation transitoire, les Tunisiens se montrent optimistes. Les cliniques passent bien par une crise, mais comme cela n'entache en rien le niveau médical tunisien connu et apprécié à l'étranger, les choses finiront par entrer dans l'ordre. Rappelons que la majorité des patients d'origine arabe qui viennent en Tunisie le font pour des interventions chirurgicales délicates alors que les Européens le font pour la chirurgie esthétique ou les soins dentaires. Le tourisme médical est source de 5% du revenu des exportations nationales de services. On estime à plus de 300 millions de dinars la part des patients étrangers dans le chiffre d'affaires des cliniques privés.