«Il n'est pas possible de rompre définitivement avec le passé dans les démocraties», ont affirmé, hier, les experts tunisiens et étrangers au deuxième jour de la conférence sur le thème "De la révolution à la démocratie : leçons à tirer des expériences de transition démocratique dans le monde" qui se sont penchés, au cours de la séance, sur la définition de la nature des relations avec les symboles de l'ancien régime. Ils ont, à cet égard, souligné la nécessité de réaliser la justice transitoire sur la base de la loi qui est le seul juge dans les différentes questions. Les véritables démocraties, ont-ils précisé, garantissent les droits de chaque membre de la société, quelle que soit son appartenance, de même qu'elles garantissent à l'accusé les conditions d'un procès équitable et la protection de son intégrité physique, au cours de la période de l'instruction. Ils ont, à ce propos, appelé à «‑dépasser le principe de la vengeance, de la vindicte et des règlements de compte‑» envers tous ceux qui ont travaillé avec l'ancien régime, et à trouver un consensus autour de la liste de ceux qui doivent être poursuivis, afin que la justice prononce son dernier mot. Par ailleurs, des juristes ont soulevé la question de l'amalgame entre les attributions des commissions d'investigation et les prérogatives de la magistrature, soulignant, à ce propos, la nécessité de réformer le système judiciaire et de garantir son autonomie. Evoquant la question de la réconciliation et de la consécration du principe de la tolérance en Tunisie pour surmonter cette étape avec succès, les participants ont expliqué que «‑la victime est la seule concernée par cette décision et non le pouvoir‑», faisant remarquer que «‑les compensations matérielles pour les victimes de la répression, de la torture et du terrorisme ne sont pas suffisantes‑». «‑Il faut prévoir des compensations morales et ceux qui ont commis un crime envers eux doivent rendre des comptes‑», ont-ils ajouté. Les intervenants ont, également, estimé indispensable «‑de se souvenir des erreurs et des malheurs du passé‑» pour en tirer les leçons et rompre avec leurs causes. Le leader Habib Bourguiba avait façonné la société tunisienne sur la base de la mémoire individuelle et collective, alors que Zine El Abidine Ben Ali, le président déchu, avait tenté, durant plus de deux décennies, «‑d'estomper cette mémoire et de créer un vide historique dans l'esprit des Tunisiens‑», ont-ils conclu. Cette conférence est organisée par le centre Kawakibi pour les transitions démocratiques, en coopération avec l'organisation «Beït El Horria».