Nous avions peur, très peur après l'expulsion de Ifa et la grosse poussée d'Ezzamalek dans la dernière partie de la rencontre. Mais ce n'était rien par rapport à ce qui allait se passer avant le coup de sifflet final sur fond d'un but courageusement refusé par l'arbitre, sur signalisation du juge de touche, suite à un hors jeu flagrant de pas moins de quatre joueurs d'Ezzamalek. Le match s'achevait pour que commence un autre avec des scènes dignes d'un film d'horreur. Dix, cent, mille, cinq mille, dix mille puis les dizaines de milliers du stade du Caire qui envahissent la pelouse, agressent l'arbitre et réservent on ne sait quel sort à nos joueurs et à ceux d'Ezzamalek (on sait qu'ils sont saufs). Une remarque au passage‑: vainqueur ou perdante, la foule était décidée à envahir la pelouse en fin de rencontre et aucun service d'ordre n'était capable de l'en empêcher. Heureusement d'ailleurs que le service d'ordre n'a pas essayé de le faire‑: cela aurait provoqué un véritable carnage. Et dire qu'à Radès, tout s'est bien passé… Le match ? Franchement, nous n'avons pas le cœur à ça, mais puisqu'il y a eu rencontre, que le Club Africain est parvenu à se qualifier et que nos lecteurs attendent tout de même un commentaire, allons-y‑! A l'image des deux équipes, leurs forces et surtout leurs faiblesses défensives, le match a été complètement fou et cela n'aurait étonné personne s'il s'était achevé sur un score fleuve. Peu importe le vainqueur. Défenses-gruyère Match fou et à retournements : l'occasion au bout de 20 secondes pour Chikabala, l'ouverture du score par Ezzamalek, l'extraordinaire égalisation de Ben Yahia, l'expulsion de Ifa, l'avantage des Cairotes, les occasions de Dhaouadi et puis ce terrible final avec des joueurs terrorisés et des millions de téléspectateurs horrifiés. Ce qu'on n'attendait pas non plus, mais qu'on savait un peu, c'est l'extrême faiblesse des deux défenses rendue ultérieurement alarmante par la tournure des événements. Des occasions à la pelle, des boulevards de part et d'autre et un nombre incalculable d'occasions ratées. Vainqueur et vaincu devraient sérieusement s'inquiéter de leur défense. Pourtant, malgré l'occasion précoce de Chikabala, le CA a bien tenu le coup. Pas avec beaucoup d'ordre mais avec beaucoup d'engagement physique et d'anticipation. Bien que la tâche n'ait été guère aisée avec les Chikabala, Hassen Yasser, Mohamed Fathallah et surtout Ahmed Jaâfar à gauche. Incursions à gauche et à droite mais aussi longs ballons au centre de la défense clubiste et têtes pour libérer un coéquipier en retrait. Mais franchement, on sentait la défense clubiste sur le fil et qui pouvait craquer à tout moment. Ce fut à la 28' avec le sandwich de Awadhi et Souissi sur l'avant-centre zamalkaoui. Superbe transformation de Mohamed Fathallah. Heureusement que le Club Africain ne restait pas à regarder. Dhaouadi et Mouihbi bénéficiaient de véritables boulevards dans l'autre camp, faisaient des misères aux défenseurs adverses, sans grande efficacité toutefois. En revanche, Ben Yahia brillait de mille feux depuis le coup d'envoi. Récupération, relance, tantôt en force tantôt en finesse, dribbles et raids. Il grignotait mètre par mètre jusqu'à ce tir monumental. Le reste, c'est beaucoup de confusion, de schémas tactiques qui ont complètement sauté, ce second but d'Al-Ahly, trois ou quatre occasions ratées par le CA, une bonne demi-douzaine pour les Cairotes et cette fin de match en queue de poisson. Le Club Africain se souviendra longtemps de la qualification au Caire face à Ezzamalek !