Nous disions* «…Béchir, un hurluberlu, standardiste à la délégation de Dahmani, doublé d'un violoniste amateur et virtuose cependant, féru d'histoire, la sienne, c'est-à-dire celle de la région, qu'il connaît par cœur et qu'il déverse comme le roucoulement d'un rossignol du haut d'un piédestal improvisé au beau milieu des ruines d'Althiburos». Béchir Faddaoui fait effectivement corps avec le site. Il en connaît le moindre caillou; et chaque arpent de ce terrain a été balayé par sa frêle silhouette glissant sur le pavé antique, virevoltant parmi pans de murs et colonnes, lévitant au dessus d'un chapiteau pour vous haranguer à l'antique. Quand il s'arrête, c'est pour interpeller les mânes des Anciens, dieux ou empereurs, patriciens ou poètes, artisans ou aèdes, plébéiens ou esclaves et les convoquer en témoins d'un passé glorieux dont il regrettera qu'il soit si peu assumé par nos contemporains. Il les fait tous défiler devant vous, chacun derrière son portrait dessiné par lui au crayon mine sur une feuille A4 qu'il agite sous votre nez comme une pièce à conviction. Dans une langue sirupeuse, mélodieuse, après vous avoir gratifié d'un joyeux «je vous aime», il roucoule l'Histoire, une histoire bien documentée mais narrée comme les nouvelles du jour. Et lorsque, submergé par les faits, les noms, les dates, vous vous sentez au bord de l'asphyxie, il vous envoie des bouffées d'oxygène sous forme de notes extraites du violon qui fait partie de sa panoplie de parfait guide de site. Des airs que les pierres absorbent et qui les font chanter pour votre grand bonheur. *La vadrouille du 14-03-2011