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Une lueur d'espoir
Journée d'étude sur le théâtre en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 04 - 2011

Doit-on, à chaque fois que l'on parle de théâtre, rappeler son importance dans la vie et l'histoire des peuples? Oui, malheureusement, puisque c'est loin d'être su et reconnu par la masse en Tunisie, un pays parmi d'autres où la répression a créé un large fossé entre citoyens et artistes, réduits pour certains à des moutons de Panurge et «brebis galeuses». Quand les premiers ne voient pas l'apport et la nécessité du théâtre dans leur quotidien, les seconds se retrouvent à nager à contre-courant. La précarité de leur situation a même donné lieu à une implosion des conflits internes. Le dramaturge français Enzo Cormann dit d'ailleurs qu'«on ne peut pas demander au théâtre d'être ce que la société n'est pas. On a le théâtre qu'on mérite».
Quand bien même les constats seraient amers, beaucoup de lueurs d'espoir se sont toutefois fait jour suite à la journée d'étude consacrée au théâtre en Tunisie, dans le cadre des «Tribunes de la culture», auxquelles a appelé le ministre de la Culture, M. Ezzeddine Bach Chaouech. En sa présence, la première a eu lieu samedi dernier au Centre culturel international d'Hammamet, quelques jours après la Journée mondiale du théâtre (27 mars). Une minute de silence et la Fatiha à la mémoire les martyrs et c'est parti ! Petit détour sur l'histoire pour M. Noureddine Ouerghi, qui a présidé la rencontre, pour rappeler que le théâtre tunisien a accompagné, depuis le début du siècle dernier, le combat contre la répression et la fermeture d'esprit. Il a de plus expliqué que la journée est ouverte aux discussions sur les soucis du domaine théâtral, négligés mais non négligeables. Le ministre est remonté encore plus loin, jusqu'aux Grecs, à l'origine du théâtre occidental, insistant ainsi sur son rôle à travers les siècles. Raison pour laquelle il a choisi d'entamer «les Tribunes de culture» par le 4e art.
Avant de laisser place au débat, le ministre a annoncé quelques décisions urgentes «pour que le ministère de la Culture ne soit plus un organisme de contrôle», dit-il. Et d'ajouter «la culture est liberté ou elle n'est pas». Il s'agit de revoir les dossiers des artistes écartés des structures de production, les mauvaises conditions de travail dans les troupes théâtrales, la formation et l'enseignement, de faire une liste des cas sociaux et des chômeurs dans le domaine des arts dramatiques et de redynamiser au plus vite l'activité dans les centres d'arts dramatiques. Sans oublier les abus administratifs au ministère «dont l'argent a été même utilisé pour la circoncision du fils de Ben Ali!», déclare M. Bach Chaouech. Il quitte la séance à cause d'un engagement et promet de revenir à la fin pour annoncer d'autres décisions. Le débat est lancé.
La rencontre de samedi a été précédée d'un mois de travail fourni par une commission formée entre autres de membres de l'Union des comédiens professionnels et le Syndicat des métiers d'arts dramatiques : Noureddine Ouerghi, Naïma Jani, Kamel Allaoui, Salah Hammouda, Slim Sanhaji et Mohamed Ali Damak. Ils sont venus avec deux textes. Le premier est le rapport de la consultation nationale élargie sur le théâtre. Le deuxième concerne le projet d'une charte d'honneur pour le métier, dont le vote a été reporté. Revenons-en à la consultation. Il faut préciser qu'elle est le fruit d'une commission sollicitée en 2008 par l'ancien régime, afin de procéder à la réforme du secteur. Des membres comme Noureddine Ouerghi, Mohamed Idriss, Faouzia Mezzi et Lassaâd Ben Abdallah ont élaboré ce document en prenant en compte les propositions venues des régions. Une fois présenté au ministre de l'époque, Abdel Aziz Ben Achour, et suite à un détournement orchestré par Mohamed Idriss, la décision fut prise d'encourager «la scénographie et le cirque». La consultation est alors tombée à l'eau. Il n'empêche qu'elle est jugée valable par la commission. Sur ce, ses membres ont demandé à l'audience d'avancer des propositions afin de mettre à jour la consultation qui sera appliquée à la lettre dans sa version finale. Après la lecture du texte, qui fait le tour des problèmes du secteur en amont et en aval et propose des solutions, la parole a été donnée à qui veut bien la prendre.
La journée a été longue, les divergences n'ont pas pu être évitées mais les points à revoir dans le texte sont plus ou moins les mêmes, à écouter les intervenants. La plupart se sont arrêtés sur le statut à donner à la carte professionnelle. On a également évoqué le manque de diffusion et d'espaces dans les régions, et tout ce qui concerne la décentralisation culturelle. Une longue parade d'hommes de théâtre de différentes régions de la Tunisie, Mahdia, Sidi Bouzid, Gabès, Béja, etc. a défilé devant le micro pour détailler la précarité de la situation. Le manque d'infrastructure reste l'un des principaux freins à la création théâtrale. Et puis, les artistes exigent une séparation effective entre le politique et le culturel. Longtemps, les délégations culturelles ont exercé un abus de pouvoir sur les créateurs afin de mettre la culture au service d'une propagande et d'une politique bien tracée. La situation est tellement difficile dans le secteur théâtral qu'un vif débat, houleux même, est né sur la question de savoir si les diplômés de l'Institut supérieur des arts dramatiques (Isad) ont le droit de travailler dans des pièces en parallèle. Pour les enseignants, c'est tout à fait naturel et ils se considèrent obligés d'enseigner pour vivre. Pour les freelancers, cela ne fait que diminuer leurs chances de travailler et augmenter leurs problèmes. Bien avant l'Isad, le théâtre était florissant grâce aux troupes régionales, au théâtre d'école et d'université. Les trois ont disparu et depuis la création des centres d'arts dramatiques, cela va en reculant. Les enseignants de théâtre diplômés de l'Isad étaient sous la tutelle du ministère de la Culture avant d'être transférés vers le ministère de l'Education, ce qui ne fait que compliquer la situation…
A vrai dire, le «gâteau» théâtral est tellement petit que les plus bénins des conflits se transforment rapidement en tumeurs malignes qui rongent le secteur de l'intérieur, en l'absence du spectateur, premier soutien et motif de la création. Avec le retour du ministre de la Culture, la discussion a pris une autre tournure. Des cas sociaux lui ont été présentés, notamment celui d'un comédien qui doit subir une opération en urgence et une comédienne qui n'a plus de quoi vivre ni nourrir ses enfants, et qui risque l'éviction dans les jours qui viennent. Des intervenants ont parlé de la négligence de programmes culturels par les partis politiques. Plusieurs croient que les artistes et hommes de culture doivent être présents dans l'Assemblée constituante. En ce qui concerne la consultation, des points sont à revoir et des intervenants ont même demandé la reformulation de certains points pour éviter tout amalgame et interprétation. Avant d'annoncer d'autres décisions pour le théâtre, M. Ezzeddine Bach Chaouech a promis une journée d'étude rien que pour le théâtre amateur, qui répond à une autre réalité, et invité les présents à solliciter des espaces pour continuer le débat à n'importe quel moment.
La première de ces décisions a été l'abolition de la censure. «En cas de dépassement moral, c'est à la cour de trancher», explique le ministre. Il a également annoncé que les décisions devront désormais être prises par les hommes et femmes du secteur après consultation ainsi que la diminution des taxes à la production qui sont de 15%. Il a promis d'appliquer la rotation pour les postes de direction des institutions théâtrales et la séparation entre politique et culture en diminuant le champ décisionnel des délégués régionaux. Il a enfin annoncé le déblocage de 700.000 dinars en faveur des tournées des pièces dans les régions pour les six mois à venir et une somme identique pour les six mois d'après.
Et voilà un secteur parmi d'autres qui essaye de se restructurer et d'ouvrir des fenêtres pour abolir les murs. C'est le résultat d'un tel effort, dans tous les secteurs, qu'ils soient culturels, industriels ou autres, qui permettra, une fois la Tunisie remise sur les rails, de jouir d'une base solide, loin des vitrines.


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