Apparemment, ils sont bourrés d'énergie. Pour la énième fois, des jeunes et des moins jeunes continuent de défiler sur le piétonnier de l'avenue Bourguiba à Tunis. Sauf que de temps à autre, ils prennent de la hauteur en s'installant sur les marches du Théâtre municipal, vocalisant à tue-tête leurs slogans, toujours les mêmes. A croire que de telles manifestations leur permettent d'oublier la pesante routine de tous les jours. Au final, ces jeunes «cocardiers» du trottoir gagneraient à se barder d'un «enthousiasme actif» dirait la sagesse. Au fait, au bout de cette voie piétonne, les fils de barbelés vous écorchent la rétine. Raison de sécurité, vous dit-on. Bien, sauf qu'on en a le moral aplati. Comme une crêpe. Ces pollueurs à l'aise… A un jet d'olive de la Place Barcelone, des bus servant le Tunis-urbain sud arrosent les passants d'oxyde de carbone. A l'arrêt pour une pause, avant le redémarrage, ces beaux véhicules au moteur ronflant continuent de «parfumer» tristement l'environnement immédiat, tandis que leurs conducteurs se dégourdissent les jambes avant une autre course. Sauf qu'il y a un hic. Savoir que les chauffeurs concernés n'ont pas (généralement) la bienveillance attentive de désactiver leurs moteurs, pendant la pause. Conclure que ceux et celles qui se sentent proches de la nature continueront de regarder ces actes d'incivisme, avec toute l'énergie de la déception. Il est vrai que ce n'est pas face à cette pollution que vous aurez un sourire aussi frais que le menthol. In fine, ce n'est pas à ces chauffeurs qu'on demandera la sobriété énergétique, cette exigence écologique… Pour quelques dinars de plus A la gare de Tunis, vous croirez entendre, au niveau des quais, des voix intérieures impatientes, d'hommes et de dames fatigués. D'un certain âge ou d'un âge certain. En attendant l'arrivée des trains de banlieue, ces voyageurs doivent supporter la station debout, faute de bancs. Fatigués, ils finissent par s'asseoir à même les quais, à l'évidence recouverts d'une suie poussiéreuse. Pour quelques bancs de plus, la vaillante Maison des cheminots ne se ruinerait pas.