BAGDAD (Reuters) — Le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, au coude à coude avec son rival Iyad Allaoui, a réclamé hier un recomptage des voix des élections législatives du 7 mars dans tout le pays. L'appel du Premier ministre intervient au lendemain de la publication de nouveaux résultats, montrant que sa liste (Etat de droit) est devancée de 8.000 voix par l'alliance laïque Irakia d'Allaoui après dépouillement de 93% des bulletins de vote. Le Président irakien Djalal Talabani a lui aussi appelé hier la commission électorale à recompter les voix dans certaines provinces. Le caractère très serré du vote laisse entrevoir des négociations longues et difficiles pour former un nouveau gouvernement et fait craindre aux observateurs l'éventualité d'un vide politique qui pourrait s'avérer désastreux sur le plan de la sécurité. «Il y a des demandes de la part de plusieurs blocs politiques pour que l'on recompte manuellement les votes afin de (...) préserver la crédibilité du processus politique», a déclaré Maliki dans un communiqué. «J'appelle la haute commission électorale à répondre immédiatement aux demandes de ces blocs pour préserver la stabilité politique, empêcher une dégradation de la situation sécuritaire et éviter le retour de la violence.» «Pourquoi recompter?» Le président de la commission électorale, Faraj Al Haidari, a déclaré que ses membres se réuniraient pour évoquer la demande de Maliki tout en mettant en doute la nécessité d'un recomptage. «Pourquoi devrions-nous faire un comptage manuel? Pour quelles raisons?», a-t-il demandé. «Ils disent qu'ils veulent un décompte manuel mais c'est au bureau directeur de la commission d'en décider. Nous effectuons un comptage automatique précis.» Le processus de dépouillement, qui traîne en longueur, a déjà provoqué des accusations de fraudes et d'irrégularités dans plusieurs camps, y compris de la part des partisans de Maliki. L'alliance Irakia d'Allaoui, front laïque et multiconfessionnel, s'est attiré un large soutien des sunnites désireux de retrouver l'influence dont ils jouissaient sous Saddam Hussein, renversé en 2003. Derrière les deux principaux blocs viennent l'Alliance nationale irakienne (ANI) et les formations kurdes, qui dominent dans le nord du pays. Les résultats officiels complets du scrutin, qui s'est déroulé dans des conditions honnêtes selon les Nations unies, devraient encore prendre plusieurs semaines. L'issue du scrutin au niveau national reste incertaine car la commission doit encore procéder au dépouillement des bulletins des Irakiens de l'étranger et de ceux des militaires, des policiers, des détenus, ainsi que des patients et du personnel des hôpitaux.