A l'approche de l'annonce des résultats, un climat de tension s'est installé dans le pays, où les partisans du Premier ministre sortant ont multiplié les manifestations pour demander un nouveau décompte manuel, usant même de menaces voilées sur la tenue d'actions futures. Suivant l'appel à un recomptage lancé le week-end dernier par Maliki, les manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du gouvernement de la province de Bagdad. Sur leurs banderoles, on pouvait lire: "Non, non à la fraude" et "Où sont passées nos voix?" Jeudi, le président de la commission, Faradj Haidari, a déclaré à Reuters que les résultats entre les alliances politiques de Maliki et de son prédécesseur Iyad Allaoui seraient très serrés, prédisant un écart d'un ou deux sièges. Dimanche, des résultats officiels portant sur 95% des suffrages exprimés accordaient un avantage de 11.000 voix au bloc laïque Irakia d'Allaoui sur l'Etat de droit, coalition à dominante chiite de Maliki. Tous les partis ont porté des accusations d'irrégularité sur le processus électoral mais ce sont les partisans de Maliki qui se montrent les plus véhéments. "Nous condamnons le travail de la commission et les cas de fraude qui ont eu lieu au bénéfice de la liste Irakia", a déclaré Arkan Chabab, un des manifestants réunis à Bagdad. "Le processus de fraude qui a eu lieu ouvertement et l'abolition de la volonté du peuple irakien auront des conséquences graves pour leurs auteurs", a-t-il ajouté. L'important soutien dont jouit Allaoui dans la minorité sunnite fait craindre à certains qu'une éventuelle tentative des alliances de la majorité chiite pour le marginaliser ne déclenche de nouvelles tensions ethniques. Le général Kassim al Moussaoui, porte-parole de la sécurité à Bagdad, a déclaré que les forces de l'ordre, déployées en masse, restaient en alerte pour faire face à d'éventuels troubles à l'annonce des résultats. Aucun couvre-feu n'a été imposé. M. Maliki, lui-même, a agité l'épouvantail des violences et défendu l'idée d'un nouveau décompte pour "empêcher une dégradation de la sécurité et un retour à la violence". La commission électorale a rejeté cette demande, jugeant les accusations de fraudes non fondées mais a toutefois indiqué que des décomptes dans certains centres de vote pouvaient être réalisés après le dépôt de plaintes par les partis politiques. M. Allaoui, qui a joué pendant la campagne sur une image de nationaliste transcendant les communautés, a réalisé des très bons scores dans les régions sunnites et à Bagdad, tout en raflant une dizaine de sièges dans les régions chiites. Les électeurs des zones chiites du Sud ont préféré, eux, la continuité en votant pour M. Maliki, qui se targue d'avoir rétabli la sécurité dans le pays dont il a pris les rênes en 2006 au pire moment des violences communautaires.