La situation économique se complique. La Tunisie, qui était «à l'abri» autrefois des crises économiques internationales, se trouve aujourd'hui à l'épicentre du cataclysme, avec des perspectives de développement du PIB entre 0 et 1%. Le dernier communiqué de la Banque centrale (fin mars) dresse un bilan défavorable à la création d'emplois, avec une baisse de la consommation et des échanges, un recul du tourisme et de l'investissement, et surtout une situation inédite de certaines banques touchées par une vague d'impayés. Cela s'explique évidemment par le contexte exceptionnel par lequel passe le pays, mais qui permet à plusieurs économistes de dresser des perspectives optimistes pour l'avenir, une fois la situation politique stabilisée. Au niveau international, la conjoncture n'est pas moins incertaine. "Bien que la reprise de l'économie mondiale soit sur les rails (...), la hausse du prix du pétrole dans le sillage de l'escalade des tensions politiques au Moyen-Orient et le séisme et le tsunami au Japon induisent des révisions à la baisse de la prévision de croissance pour 2011 et 2012", explique l'agence Fitch dans un rapport rendu public jeudi dernier. La croissance mondiale devrait être ramenée à 3.2% en 2011 contre 3.8% en 2010. De l'avis de certains spécialistes, le fléchissement de l'économie mondiale devrait être ressenti à partir du 4e trimestre de l'année en cours et se poursuivre jusqu'en 2012 et 2013. Cette situation inquiète les investisseurs et favorise un désendettement des Etats, des entreprises et des ménages. S'agit-il donc d'un nouveau cycle négatif pour l'économie aussi bien mondiale que nationale? Plusieurs indicateurs indiquent que c'est bien le cas. Les bourses des matières premières s'orientent de nouveau vers la hausse, les prévisions de croissance des principales économies mondiales sont révisées à la baisse, et il n'y a pas de signes précurseurs favorisant la sortie des investisseurs de leur réticence. Dans ce contexte, plusieurs opérateurs tunisiens s'interrogent sur les options de rebondissement à court et moyen termes, sans trouver de réponses aussi fermes que le degré d'enthousiasme qui anime les jeunes révolutionnaires. Car, en fin de compte, notre économie dépend largement de l'étranger : tourisme, investissement étranger, exportation, technologie, etc.