Initiative louable que celle prise par le Centre de recherche et de formation sur la citoyenneté et la culture civique sur deux jours, sur le thème : «Rôle du citoyen et dynamique sociale dans la transition démocratique». Surtout que l'objet de ce premier séminaire à l'actif de cette toute nouvelle association est de former journalistes et étudiants en journalisme aux impératifs professionnels de la construction démocratique. Chaude en thèmes a ainsi été la matinée d'hier, à l'hôtel Le Belvédère, jouxtant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens, avec pas moins de quatre conférenciers. Sachant que cette joute théorique a été suivie et complétée par trois demi-journées en ateliers, étalées sur deux jours donc. La première conférence, donnée par Pr Nizar Ben Salah, s'est penchée sur le «Rôle des organisations professionnelles et syndicales dans le processus démocratique». Le conférencier a expliqué que l'Ugtt était, en sa qualité de centrale syndicale des travailleurs, appelée à accompagner la transition démocratique post-révolutionnaire à travers une redéfinition de ses rapports vis-à-vis des différents partis et groupes politiques, et par le biais d'une autopréparation en vue d'être prêt à faire face à l'émergence du plurisyndicalisme sous la forme de nouvelles centrales et de syndicats libres. Il a également évoqué le rôle important joué par les syndicats lors des transitions démocratiques (Espagne, Portugal…). Dans son intervention, Me Amine Ben Khaled a passé en revue «les régimes politiques et les processus démocratiques» connus de par le monde. Le conférencier a mis en exergue les faiblesses montrées par le régime parlementariste et les risques qu'il représenterait aujourd'hui s'il était adopté en Tunisie, du fait du nombre excessif des partis politiques et l'inexistence d'un consensus large parmi eux et autour d'eux. A propos du régime présidentiel, l'intervenant a estimé qu'il ne conduit pas nécessairement à la dictature, mais que ce sont les déséquilibres que présentent certains articles de la Constitution de 1959 qui ont consacré le cumul des pouvoirs entre les mains du président de la République. La conférence du Pr Mounir Kchaou, «Le citoyen et la participation politique», a suggéré de dépasser la simple «démocratie représentative» basée sur les élections grâce à l'adoption du concept de «démocratie délibératoire» qui propose la dynamisation du débat public et donne à la société civile un rôle prépondérant. Pr Fathia Saïdi, présidente du Centre, a été la dernière conférencière. Son thème, «Structures de la société civile en Tunisie : problématiques et défis», a permis de dresser l'inventaire du tissu associatif tunisien et d'évaluer son rôle effectif et son impact sur la société réelle. Avant la révolution, et sur une vingtaine d'années, les associations n'avaient aucune liberté et ne reflétaient en rien les aspirations du peuple. A l'exception de quelques-unes : Ltdh, Femmes démocrates, Afturd… Or ces quelques exceptions ayant résisté à la dictature restent marquées par un réflexe de peur et de défense, au lieu de passer à une démarche offensive et constructive conforme à la transition démocratique. L'oratrice a appelé à la promotion du tissu associatif et à celle de l'action des associations par de nouvelles législations et un rôle dynamique. Elle a insisté sur la mission de contrôle des politiques incombant au tissu associatif et sur le rôle de force de proposition qui lui revient. Un débat fructueux a clôturé la séance matinale.