Selon des sources fiables, les créances du secteur hôtelier avoisineraient les 3.500 millions de dinars dont un milliard de crédits non performants et litigieux. Plus de 50% des entreprises tunisiennes en difficulté concernent des unités hôtelières. D'après l'ancien Gouverneur de la Banque Centrale, sur un total de 800 hôtels que compte le pays, 120 unités connaissent des problèmes d'endettement dont 80 représentant 20.000 lits, sérieusement affectés, méritent d'être débranchés et mis hors circuit commercial. A une question portant sur les hôtels hyper-endettés, le président de la FTH (Fédération tunisienne de l'hôtellerie) aurait affirmé que ces derniers représentent de véritables «poubelles» qui portent préjudice à toute la corporation et à l'image de la destination. D'après lui, le mal des hôtels endettés en général et des hôtels «carbonisés» en particulier vient de ce qu'on a ouvert les portes de l'investissement hôtelier à des gens venus d'horizons divers (architectes, médecins, avocats) sans aucune expérience de gestion. Même l'idée des «jeunes promoteurs» qui était généreuse au départ a été complètement dénaturée. Les promoteurs sahariens aussi étaient partis avec une structure de financement bancale puisque leurs fonds propres dans le schéma d'investissement n'était que de 10%.Par ailleurs, les chocs exogènes subis depuis 10 ans (attentats du 11 septembre 2001, attentat de Djerba 2002, guerre du Golfe en 2003, crise économique de 2009) n'ont pas favorisé la rentabilité des entreprises hôtelières. Certains hôteliers fragilisés ont réagi à ces chocs exogènes en vendant leurs unités tandis que d'autres ont opté soit pour la location-gérance, soit pour la mise en faillite, soit pour une exploitation saisonnière. A force d'agir sur les coûts, la mauvaise qualité du service est devenue un mal endémique avec son cortège de bradage et de commercialisation passive. Toutefois, il convient de relever qu'à conjoncture égale, un grand nombre de promoteurs avertis et responsables ont su fructifier leurs investissements et contribué à la réussite du secteur. Mais que peut-on et que doit-t-on faire des hôtels hyper-endettés et de leurs employés ? Certains suggèrent de les transformer en résidences universitaires, d'autres en écoles hôtelières et centres de formation et de perfectionnement, d'autres encore en complexes résidentiels ou en maisons de retraite médicalisées... Un concours d'idées s'impose. Pour les unités qui connaissent des difficultés chroniques, il s'agira de prévoir un programme spécial de restructuration financière. Quant aux créanciers, il s'agit pour la plupart, de banques publiques dont la STB qui a hérité des lourds crédits non performants de la Bndt et de la Bdet et la BNA. Ces banques devraient songer à vendre les hôtels dont elles détiennent des participations au capital pour se concentrer sur le cœur de leur métier. Avec la Révolution du 14 janvier qui appelle à une répartition juste et équitable des richesses nationales, Il n'est plus question, comme par le passé, d'effacer les ardoises hôtelières .Car à force de les effacer, on risque un jour de manquer de chiffons. (LOL)