• Le regain d'intérêt pour le livre tunisien après la révolution tunisienne est considérable, notamment pour les auteurs locaux. Ce nouveau souffle ne cache pas, cependant, le problème de l'édition dans notre pays Actuellement, on constate que les autorités publiques — malgré les aides octroyées et l'achat de quelques exemplaires — ne sont pas assez impliquées pour réussir la commercialisation du livre tunisien. De nouvelles méthodes innovantes et attractives devraient être mises en place pour inciter les Tunisiens, toutes tranches d'âge confondues, à acheter le livre. Cela dynamiserait l'activité des maisons d'édition et donnerait plus d'air frais aux librairies. Dans ce dossier divisé en trois parties, nous avons essayé d'exposer le problème de l'édition en prenant l'avis de certaines parties prenantes dont une éditrice et des lecteurs. Mme Mika Ben Miled, éditrice (éditions Carthaginoises), nous a fourni plusieurs éléments à ce sujet. Elle se réfère ainsi aux propos d'un responsable d'une maison d'édition intervenant dans une émission radiophonique. Selon lui, "il était impossible d'être éditeur sans avoir une autre activité principale. En effet, certains imprimeurs sont également éditeurs, ce qui pose problème pour les auteurs qui n'ont pas toujours la possibilité d'obtenir le chiffre exact des (re)tirages de leurs ouvrages. (Il est à remarquer que cette double «casquette» est interdite dans certains pays)." D'autres éditeurs sont aussi patrons de sociétés, d'agences de communication, de publicité, de design, ce qui leur permet de consacrer une partie de leurs revenus à faire des livres. Il faut bien trouver les moyens pour augmenter les recettes surtout que les livres ne se vendent pas comme des petits pains. Une simple patente suffit Enfin, "certains fabriquent des produits enfants-jeunesse, support papier ou informatique, généralement destinés à l'exportation", estime Mme Ben Miled. Mais il y a aussi des éditeurs dont l'édition de livres est "la principale et seule activité". Ce sont sans doute ceux-là qui sont les plus lésés et trouvent du mal à poursuivre leurs activités. En fait, comment s'en tirent-ils ? La réponse de notre éditrice est claire : "Sans doute, d'abord, parce qu'ils n'ont pas ou plus de famille à charge, ni l'ambition de faire du fric". Ils n'acceptent quand même pas de travailler à perte! "Le ministère de la Culture apporte des aides conséquentes", reconnaît l'éditrice. Sami, lycéen, pense que le prix du livre est le premier frein qui l'empêche d'acheter. Et de proposer à l'Etat de compenser le livre comme il le fait pour les produits alimentaires de base ! A noter également que "des facilités administratives" sont constatées pour créer et gérer une maison d'édition sans être obligé d'avoir un statut de société. Une simple patente suffit, comme pour un petit commerce. Tant mieux pour les futurs promoteurs qui comptent se lancer dans ce domaine apparemment peu rentable. "Les acquisitions pour redistribuer les livres dans les bibliothèques publiques (365 dans toute la Tunisie), l'absence de TVA sur la fabrication, des subventions pour pallier justement la TVA sur l'achat du papier" font sourire Mme Ben Miled et certainement d'autres éditeurs. Reste que ces aides dépendent de commissions attribuées selon l'intérêt porté à l'ouvrage, à l'auteur, au prix de vente.