D'après NPO, le rallye aura lieu dans de bonnes conditions, notamment en matière de sécurité. Cependant, l'indécision persiste chez les pilotes tunisiens, alors que l'inscription au rallye est encore ouverte... Comptant pour la Coupe du monde des rallyes tout-terrain FIA, le Rallye de Tunisie qui en est à sa trentième édition joue gros. En effet, après que Cyril Neveu a cédé «NPO», société organisatrice du rallye de Tunisie, à Stéphane Clair en 2008, les choses ne sont plus comme avant et le rallye a vu le nombre des participants régresser d'une manière notable. Cependant, l'inscription de l'épreuve dans les calendriers de la Coupe du monde FIA et du championnat du monde FIM est un acquis. Sauf que les réglementations des deux épreuves semblent être assez sévères et surtout coûteuses pour les amateurs du raid. Désormais, l'on compte moins de cent concurrents au Rallye de Tunisie, baptisé Rallye Oilibya de Tunisie. Stéphane Clair semble chercher une solution pour remédier à ce déficit, en organisant entre autres un raid et en y invitant un bon nombre de personnalités (VIP). Mais pour attirer plus de participants, il va falloir fournir plus d'efforts en matière de promotion, d'où tout l'intérêt de bien organiser cette édition 2011. Donner une meilleure image de la manifestation et de la Tunisie sera l'objectif essentiel. A ce propos, le Rallye de Tunisie devrait connaître cette année une nouvelle expérience dans le sublime désert de notre pays qui vient de renaître de ses cendres grâce à la révolution. Un désert qui a fait preuve de grande solidarité en accueillant des milliers de réfugiés en provenance du pays frère, la Libye. L'esprit de solidarité du peuple tunisien n'est pas à démontrer et la sécurité de la caravane sera bien assurée grâce aux efforts des autorités nationales des deux ministères de l'intérieur et de la défense (police, garde et armée). «Nous sommes ravis de revenir cette année en Tunisie pour apporter notre soutien aux efforts fournis par tout le monde afin de faire revenir l'activité économique de la Tunisie à la normale, souligne l'organisateur de l'événement lors de la conférence de presse tenue avant-hier à Tunis. Nous essayons de plus en plus d'associer le Rallye Oilibya de Tunisie à la vie économique du pays. D'ailleurs, bon nombre d'entreprises tunisiennes sont désormais les sponsors de ce rallye». Cette édition 2011 se veut celle de la relance et du challenge. Première après la révolution, elle portera plus d'un sens pour les férus des sports mécaniques en Tunisie, comme pour les autorités qui se sont engagées à assurer une sécurité optimale à la caravane. Les responsables du National Automobile Club de Tunisie (Nact) et de la fédération tunisienne de motocyclisme et activités associées (Ftmaa) ont confirmé, pour leur part, que toutes les dispositions sont prises afin de sécuriser le parcours du rallye. Ce dernier comportera six étapes seulement dans les régions de Tozeur, Ksar Ghilane et Ras El Oued. L'organisateur, Stéphane Clair, affirme sur le site officiel de NPO : «nous sommes fiers de nous associer à la campagne promotionnelle « I Love Tunisia»…. Aussi, les zones où se passeront les épreuves du rallye sont bien sécurisées. La vie a repris son rythme habituel. Le plus important, à notre avis, journalistes et citoyens: maintenir le rallye sera un geste de solidarité des européens et amis de la Tunisie avec le peuple tunisien dans une phase transitoire… Une occasion unique d'apporter notre soutien au peuple tunisien et d'aider à la reprise économique du pays». Relance et solidarité L'engagement de la part de l'organisateur y est mais on se demande s'il y aura une nouvelle formule du contrat qui autorise NPO à organiser le rallye et dont on ne sait absolument rien. D'ailleurs, est-ce une formule de sous-traitance ou a-t-on cédé l'entière organisation à cette société. La question se pose, puisque l'information est restée scrupuleusement cachée ou «confidentielle», ce qui fait l'affaire de certains responsables tunisiens qui ont tout intérêt à laisser les détails pour eux-mêmes ! En effet, durant les années précédentes et en l'absence de suivi de la part du ministère de la Jeunesse, du Sport et de l'Education physique, ces responsables s'occupaient mal des pilotes et des motards dont la participation au Rallye de Tunisie se fait de plus en plus rare. En effet, le nombre des motards tunisiens n'a pu dépasser les six, et encore, puisque grâce aux cinq gratuités offertes par NPO depuis toujours. Nos motards trouvent, en effet, d'énormes difficultés à se préparer à une telle compétition. Entre manque de moyens, excès du coût des pièces de rechange et à défaut d'une assistance, les choses ne sont plus faciles pour Hassan Jmili, Ridha Mhenni, Samir Hizem et les chevronnés Anis Nabli et Karim Dilou. D'ailleurs, ce sont seulement les deux derniers qui sont inscrits pour le moment à cette édition. «Nous avons des difficultés à réunir un budget susceptible de subvenir à nos besoins en matière de matériel, affirme Anis Nabli, le plus ancien de nos motards tunisiens de par sa quinzaine d'années de courses. Nous n'avons pas de sponsors et, sur le rallye, nous avons toujours des problèmes avec l'assistance vu le manque de pièces de rechange. C'est dommage que nous soyons seulement deux à aller disputer cette édition du Rallye de Tunisie. Et encore, il y a un risque de ne pas me voir au départ!». Outre le Rallye de Tunisie, c'est rarissime de voir un pilote ou un motard tunisien prendre part à une autre compétition, et même le champion du monde des rallyes tout-terrain sur quad en 2008, Karim Dilou, n'a pu retrouver ses repères depuis son fameux titre mondial… Dans le camp des pilotes tunisiens, l'incertitude est donc encore de mise. Même si le président du Nact, Karim Azzouz, affirme que sept équipages sont confirmés, nous sommes persuadés que certains parmi eux n'ont pas encore eu le budget nécessaire. Premier tunisien aux côtés de Ludovic Le Loup lors de l'édition 2010 avec une très honorable 7e place au général, Sofiane Driss souligne que «la crise économique et le contexte de la révolution nous ont poussés à réduire notre budget, alors que nous avons investi une belle somme de 80 mille dollars pour nous acheter de nouveaux moteurs, boîte et suspension pour notre buggy. Donc, nous allons partir une énième fois à bord de la Toyota HDJ 80, notre vieille voiture avec laquelle nous avons effectué de beaux résultats durant une dizaine d'années». Et de poursuivre «Je me demande, d'ailleurs, dans un tel contexte pourquoi l'organisateur n'a pas pensé à nous donner, nous les tunisiens, une gratuité des frais de l'assistance qui coûte une somme importante ? ça aurait permis à d'autres pilotes tunisiens d'aller disputer l'épreuve et d'avoir ainsi un plus grand nombre de participants à cette édition décisive pour l'avenir de notre rallye». Contexte difficile pour tous, les organisateurs du Rallye Oilibya sont tout de même optimistes.