La question de la dette de la Tunisie est une question qui s'est avérée houleuse depuis que des voix de la société civile tunisienne soutenues par des parlementaires européens se sont élevées pour l'annulation de cette dernière. L'appel de l'association Raid/ Attac pour l'annulation de la dette et surtout les dettes dites «odieuses» n'est pas vu du bon œil par la Banque centrale qui considère qu' un tel appel relève de l'utopie sans aucune connaissance réelle de la situation aussi bien économique que financière et surtout des répercussions irréversibles qu'une telle demande peut avoir. Selon un responsable de la finance de la Banque centrale de Tunisie, tous les pays émergents ont besoin de financement extérieur, et ce besoin est né du fait que les réserves en devises de ces pays ne peuvent pas subvenir à tous les besoins d'où le recours à des emprunts. Concernant la Tunisie, dont la dette extérieure est d'environ 23 milliards 654 millions de dinars (fin 2010) soit 37,3% du PIB, elle a toujours fait partie des pays qui honorent ses engagements. «La Tunisie est restée toujours solvable malgré toutes les crises par laquelle elle est passée. Cette solvabilité se traduit par des notes que les agences de notation accordent aux pays suivant plusieurs critères dont la solidité économique, la stabilité et la capacité à honorer ses engagements de remboursement». D'après la Banque centrale, grâce à tous ces critères, la Tunisie bénéficie d'un capital confiance que nous ne pouvons altérer avec des revendications qu'on peut qualifier d' irresponsables comme l'annulation de la dette. Cela risque de porter préjudice à la crédibilité de la Tunisie sur le marché financier et hypothéquer ainsi l'accès des générations futures à l'investissement. D'après la Banque centrale, la révolution tunisienne a ralenti gravement notre économie. C'est pour cette raison d'ailleurs que les agences de notation n'ont pas hésité à baisser notre note qui est l'indice incontournable pris en considération par toutes les structures qui nous prêtent de l'argent. Cela est d'autant plus vrai que les investisseurs et les bailleurs de fonds ne font pas de sentiment. Pour eux, une révolution est synonyme de situation trouble et de manque de visibilité économique. D'ailleurs, pour eux, la révolution brouille les perspectives économique d'un pays qui devient à leurs yeux peu digne de confiance. Les investisseurs, qui sont, de nature, frileux, ont besoin d'un maximum de garanties dont essentiellement la stabilité politique. Concernant la Tunisie, ils attendent de voir plus clair et d'avoir une visibilité sur les éventuelles orientations politiques du pays avant de rétablir la note, que dire si nous refusons aujourd'hui de payer notre dette. Quant à la question de la dette odieuse, à savoir les emprunts qui, soi-disant, sont entrés dans les caisses du président déchu, la Banque centrale affirme que toutes les instances qui ont prêté de l'argent à l'Etat tunisien le font sur la base d'un projet bien précis et y assurent un suivi continu et régulier, et il n'y a aucun moyen de les contourner. En somme, la Banque centrale estime que la dette pour un pays comme le nôtre est une nécessité et non pas un choix, car nos ressources ne nous permettent pas de subvenir à tous nos besoins. Et c'est pour cela que « nous dépendons de l'appréciation des bailleurs de fonds et des agences de notation pour accéder aux marchés des investissements. Et puisque la Tunisie, depuis son indépendance, a toujours été à la hauteur de ses engagements, nous allons continuer à l'être pour le bien du pays».