• Le premier janvier 2012, l'Union européenne intégrera les émissions du secteur aérien dans son système d'échange de quotas (EU ETS) • Le transport aérien offre un potentiel d'économie d'énergie de 300.000 tep L'efficacité énergétique des transporteurs aériens et les quotas d'émission de CO2 ont meublé le déjeuner-débat organisé, hier, à Tunis, par l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (Anme). "L'objectif de cette rencontre est de rassembler les acteurs locaux et étrangers pour débattre de ces thématiques et identifier les opportunités de partenariat", a précisé Mme Noura Laroussi Lazreg, directeur général de l'Anme. "Le secteur assure le transport de 53% des passagers et les 2/3 des vols s'effectuent sur des pays de l'UE", a-t-elle ajouté. En effet, la décision unilatérale de l'Union européenne d'intégrer les émissions du secteur aérien dans son système d'échange de quotas (EU ETS), à partir de 2012, a mobilisé l'attention des transporteurs aériens, ainsi que d'autres opérateurs, publics et privés, de plusieurs secteurs connexes. Tous les vols au départ et à l'arrivée des 27 pays membres de l'UE sont couverts. La mise en application de cette décision engendrera une réduction de 3% des émissions de CO2 pendant l'année 2012, par rapport à la moyenne des émissions du secteur entre 2004 et 2006. De 2013 à 2020, le plan prévoit une baisse annuelle de 5%. "Cette décision unilatérale a suscité une forte pression politique de la part des Etats-Unis d'Amérique et de la Chine", a rappelé Dr Dietrich Brockhagen, directeur exécutif d'Atmosfair Gmbh. Dans sa présentation, l'expert allemand a précisé que, selon la nouvelle réglementation, les transporteurs seront en mesure d'arbitrer deux options. La première consiste à acheter des certificats de carbone CER pour un prix coûtant 15 euros la tonne de CO2. D'après les prévisions, les prix dépasseront les 25 euros à l'horizon de 2020. La deuxième alternative permet aux transporteurs de produire leurs propres CER en menant des mécanismes de développement propre. «Toutefois, le choix n'est pas entièrement libre », a-t-il ajouté. Une longue série d'exigences et de conditions a été arrêtée pour juger de l'éligibilité des projets. L'expert a mis en relief l'interdépendance du transport aérien avec d'autres secteurs, notamment le tourisme. De son côté, M. Fathi Elhanchi, directeur chargé de la rationalisation de la consommation de l'énergie, a évalué à 300.000 tep le potentiel d'économie d'énergie. A 1.100 dollars la tonne de kérosène, les gains seront considérables. Plan d'action d'économie d'énergie de la flotte de Tunisair "En 2006, les cours du pétrole ont dépassé la barre des cent dollars. En 2008, on a affiché une évolution de 540% des dépenses en carburant (kérosène) par rapport à l'année 1999. En tenant compte que ces dépenses constituent environ 30% des charges, on avait besoin d'un programme d'économie d'énergie pour préserver la compétitivité du transporteur national", a relevé M. Souhaiel Dallel, directeur environnement et carburant de Tunisair. Le programme d'économie d'énergie a porté sur la préparation des vols, les opérations d'assistance au sol, l'allègement des avions et des opérations de maintenance et de formation. Pour ce faire, la compagnie a investi dans les logiciels, le matériel et les hommes pour assurer les meilleurs résultats en allouant le juste nécessaire de ressources. En 2010, le programme a permis une économie de carburant de 45.800 tep, soit 53,2 millions de dinars par rapport à l'année 2005. En considérant l'ensemble des rubriques, notamment la maintenance et les redevances de survol, Tunisair bénéficie d'une économie globale annuelle de 16,325 millions de dinars. " Avec 70% du programme des vols à des pays de l'UE, on n'a d'autre choix que de se préparer à ces nouvelles normes, bien qu'elles n'aient pas encore fait l'unanimité de tous les opérateurs mondiaux", a souligné M. Dallel. « Quelle sera la stratégie de Tunisair pour s'acquitter de ses obligations? Quelle est la composition optimale du portefeuille de certificats? » ,a conclu le responsable. L'expert allemand, de son côté, a vivement conseillé de constituer des groupements de transporteurs aériens pour mieux négocier les conditions des certificats. Sur un autre plan, la réallocation des fonds collectés par l'UE, de l'ordre de 100 milliards d'euros par an, selon certains experts présents, demeure encore floue.