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«Quand on est dans la m... jusqu'au cou, il faut chanter»
«Tunis capitale de la danse» du 30 avril au 8 mai 2011
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 05 - 2011

Une «décharge» d'émotion que celle qu'a connue le public du Théâtre municipal, mardi dernier, avec la pièce dansée «Salves», signée de la chorégraphe française Maguy Marin. Un rendez-vous qui s'inscrit dans le cadre du festival «Tunis capitale de la danse» qui a entamé sa marche le 30 avril 2011
Tout commence par ce retard, devenu coutumier, d'une bonne trentaine de minutes, mais qui s'est vite fait oublier! On en profite pour mieux visualiser la scène, que l'on a dégagée pour l'occasion : des murs noirs contre lesquels sont entassés, ici et là, des châssis et des planches en bois. Cinq magnétophones sont disposés aux coins de quelques ouvertures. Un décor rappelant celui d'un chantier qui en intrigue plus d'un. Entre alors un homme sur scène tenant un fil transparent qu'il déroule et tend, tel le le fil d'Ariane; il fait signe à une personne du public, en réalité une partenaire, l'invitant à le rejoindre sur scène : ce qui a pour effet d'impliquer ainsi le spectateur qui devient à son tour partenaire. Il lui passe un bout du fil qu'elle tend et déroule à son tour pour en offrir un bout à une autre personne du public (un autre danseur) et ainsi de suite. A la fin ils sont sept sur scène à dérouler ce fil transparent. Et voilà qu'une obscurité inonde la salle entrecoupée par le son des magnétophones qui annoncent à chaque fois une séquence brève. Comme si l'on y projetait des télégrammes d'images renvoyées sur scène par une courte lumière (stroboscope), le temps d'un clignement des yeux et l'on passe à l'image suivante. Des scènes et des positions fugaces que l'on saisit au passage de ce fil temporaire si fin et transparent, que tout le monde ne peut saisir, semble nous dire Maguy Marin… Les danseurs-acteurs, comme pris au vif, nous dépeignent, à chaque clignement, un tableau de l'histoire (occidentale surtout) sur fond de clins d'œil et d'insert : les guerres, le colonialisme, les révolutions, etc. Trois personnes apparaissent, dans une courte lueur, successivement au coin d'une porte pour vite disparaître, une femme habillant un homme, une personne disparaissant au milieu d'une table…
Une fois dans le noir, l'histoire semble prendre son cours et continue à dé-filer. Le décor en chantier continue à se construire pour vite se déconstruire. Entre-temps, on continue de dérouler le fil (de l'histoire). Les magnétophones continuent à marcher et, dans cette urgence temporelle, les danseurs, maîtres du temps, bâtisseurs de l'histoire, continuent d'apparaître et de disparaître dans une hâte alarmante et inquiétante, appuyée par un désordre sonore (musique contemporaine) fait de vieux enregistrements, de chuchotements, de cris, de vacarme et autres sons...
Dans ces flashs d'images, on aperçoit les danseurs travaillant à la chaîne, parcourant en vitesse la scène comme pour fuir le temps, transportant des statues religieuses… Tout se fait vite mais rien ne tient, les tableaux (et leurs symboliques) que l'on accroche aux murs finissent par tomber, narguant ainsi, entre autres, un Delacroix (la liberté guidant le peuple), un Picasso (Guernica). On dresse une table pour vite la débarrasser, on sert un repas pour vite la desservir. Tout est interruption continuelle (vaisselle cassée, statue de la liberté démolie que l'on tente de recoller) et répétitive (rappelant le calvaire de Sisyphe) dans cette vision historique qui distille une violence poétique rappelant à l'homme son rôle dans l'histoire, le confrontant à ses responsabilités (le cliché de l'autochtone noir au derrière affreusement immense qui vient reprendre sa place…). Le fil continue quand même à se dérouler et l'on tente de saisir ses instants furtifs qui vite s'estompent, véhiculés par ces acteurs danseurs qui partent, dans le noir, chasser du temps.
A la fin, dans une folie générale, lors d'un banquet spectaculaire (la grande bouffe), on se met à saccager à tout-va, on ne tente plus de reconstruire. On se barbouille, on se macule de sauces, on se lance des tartes, on se cogne, on se bouffe. L'humanité (ici les grandes puissances) est dépeinte dans son aspect le plus bouffon. On est dans la merde jusqu'au cou, mais l'on ne désenchante pas.
En quittant la salle, on ne peut s'empêcher de se rappeler ce passage de la chanson «l'Europe» du groupe français «Noir désir» :
«Nous avons su monter, nous avons su descendre, nous pouvons arrêter et nous pouvons reprendre… Europe des lumières ou alors des ténèbres ; à peine des lucioles dans les théâtres d'ombre. A peine une étincelle dans la nuit qui s'installe et puis se ressaisit, et puis l'aube nouvelle, après les crimes d'enfance, les erreurs de jeunesse on n'arrache plus les ailes des libellules d'or».


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