• L'intégrisme religieux est une doctrine en rupture avec toute décence, toute convenance et toute loi. Le neuvième centenaire de la mort de l'illustre philosophe et théologien musulman d'origine persane Ghazali, plus connu en Occident sous le nom d'Algazel (né à Tunis dans le Khorassan iranien en 1058 et mort en 1111), est une occasion propice pour l'ensemble des Tunisiens de témoigner du grand respect et de la haute considération pour l'esprit éclairé de la dimension de ce penseur qui a mis l'homme, son épanouissement et son destin au centre de ses préoccupations. Ainsi, Beït Al-Hikma a décidé de célébrer cet événement en organisant, à partir du mardi 17 mai et jusqu'au vendredi 20, un important symposium qui aura à débattre de l'œuvre de Ghazali, qui constitue une somme capitale de la pensée musulmane. Il a rejeté certaines philosophies grecques, notamment celle d'Aristote qui privilégie le pouvoir de l'esprit sur la matière, et la liberté de l'homme (un concep philosophique ardemment soutenu et défendu par Averroès (1126-1198), qui supposaient l'éternité du monde et donc sa non-création. Et cependant, il ne refusait pas toute philosophie : par exemple, il a donné au doute une valeur positive dans la recherche de Dieu et accordé à l'intuition une valeur supérieure à celle de l'intelligence rationnelle.Son principal ouvrage est sans conteste Reviviscence des sciences de la religion. Le colloque qui sera inauguré par M. Ezzeddine Beschaouch, académicien et ministre de la Culture, et M. Aroussi Mizouri, ministre des Affaires religieuses, verra la participation d'une trentaine d'universitaires venus d'Algérie, du Maroc, d'Egypte, d'Espagne, de France, de Syrie et de Tunisie. Les sujets traités, tous d'une importance capitale sont essentiels pour saisir et appréhender les enjeux psychologiques et noétiques dans la pensée politique et religieuse de Ghazali et de savoir davantage sur qui des théologues, des soufis ou des philosophes sont les détenteurs d'une connaissance véritable. Les intervenants auront à débattre de questions de métaphysique dont la survie de l'âme, la résurrection des corps, d'Ibn Sina ou Avicenne, à propos de la considérable influence exercée par Ghazali sur les philosophes musulmans du Moyen-Age. Parmi les intervenants, il y a lieu de citer la présence d'une grande spécialiste de l'époque médiévale, le Dr Mounira Chapoutot Rémadi dont la contribution à ce niveau sera hautement appréciée. Par ailleurs, ce colloque sera marqué par l'inauguration du «Portail de la connaissance», un monument commémoratif érigé sur le parvis ou la place d'honneur de l'académie «Beït Al Hikma», à la mémoire de Ghazali, Ibn Rochd ou Averroès et Ibn Khaldoun, trois grandes figures d'un Islam des lumières, en totale rupture avec les ténèbres de l'obscurantisme qui, si on n'y prend pas garde, progresse et gagne du terrain.