INFOTUNISIE – Dans le cadre de la célébration du centenaire du grand érudit, théologien, jurisconsulte, syndicaliste et figure de proue du mouvement national tunisien, Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour (1909-1970), un colloque international ayant pour thème «Mohamed El Fadhel Ben Achour et les questions du renouveau de la pensée religieuse et de la modernisation des sociétés islamiques», s'est tenu ce matin à la Bibliothèque nationale, qui se poursuivra jusqu'au 17 décembre courant. Une exposition documentaire intitulée «Moments forts dans le parcours de Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour», est également ouverte au public pour célébrer son centenaire. Sous le haut patronage du Président de la République, cette manifestation est organisée par le ministère des affaires religieuses, et de la culture et de la sauvegarde du patrimoine. M. Boubaker Al Akhzouri, ministre des affaires religieuses a indiqué l'importance de l'organisation de cette conférence qui vient rappeler aux nouvelles générations les nombreuses contributions de cet érudit à l'essor d'une pensé religieuse éclairée, tout en soulignant que la commémoration de la naissance du «Cheikh» s'inscrit dans le projet de civilisation défendu par le Président Zine El Abidine Ben Ali, jaloux de la préservation de l'identité nationale ainsi que de l'ouverture sur la modernité. Une exposition a précédé le colloque retraçant le parcours intellectuel et engagé du Cheilkh Fadhel Ben Achour, ainsi qu'une fenêtre ouverte sur sa vie privée. Le visiteur peut en effet s'approcher de ce « monument » de la pensée, à travers ses photos : enfant, adolescent, en famille, en voyage, dans des manifestations patriotiques et bien évidemment dans ses activités professorales, judiciaires et oratoires… Le colloque a contenu deux séances où Chedhly Klibi et Mokhtar Ammar ont mis la lumière chacun sur un aspect de la vie de Ben Achour. Le premier interpellant l'environnement dans lequel le «cheikh» a grandi, notamment avec un illustre père, feu Taher Ben Achour, et dans une atmosphère qui incite au savoir et à l'érudition. Chedhly Klibi n'a pas manqué d'éclairer son audience sur l'enfant que fut Ben Achour attiré par l'art oratoire et le théâtre, ce qui lui a conféré plus tard une aura et une faconde hors pair, deux qualités qui l'ont distingué, là ou il allait et surtout dans ses interventions enflammées accompagné de leaders du mouvement national comme son fameux discours dans le «sommet de la nuit du destin» (Moutamar Laylat Al quadr)… Quant à la deuxième séance du colloque, intitulée «la vie du Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour», elle s'est penchée sur le long parcours du défunt et les cercles intellectuels qu'il fréquentait et sa défense ardue d'une méthode rationnelle et d'une pensée éclairée. Dans une rencontre avec «infotunisie.com», la fille de Cheikh Fadhel Ben Achour, Rabaâ Ben Achour, professeure de Lettres françaises à l'Université de Tunis, s'est dite fortement touchée par l'hommage rendu à son père aujourd'hui en tant que théologien, syndicaliste et homme des premières loges de la Tunisie moderne. Fadhel Ben Achour, dit-elle, a favorisé la continuité et non la rupture surtout que ses qualités personnelles d'ouverture au dialogue et à la discussion lui ont permis d'être l'homme de son temps. Elle souligne également l'urgente actualité de la pensée de Fadhel Ben Achour face au manque d'ouverture et à l'enfermement dans lequel quelques théologiens poussent la religion. En tant que père, elle rappelle ses qualités didactiques faisant participer ses enfants avec beaucoup d'humour et d'intelligence à des activités de toutes sortes : intellectuelles, de théâtre, de poésie, de cinéma et de lecture.