Elghazala Technopark a été , au début de sa création, un creuset de compétences technologiques et scientifiques au service de l'innovation et de l'entreprise. Néanmoins, et comme le confirment certains managers d'entreprises hébergées dans ce pôle «le parc est devenu un pôle technologique qui manque de technologie! Une infrastructure urbaine critique, des bâtiments construits hors normes, pas de réseau internet dédié spécialement au parc, aucune notion de qualité de services...». C'est le cas, entre autres, de Mohamed Sadok Mouha, General Manager de Progress Engineering, la première entreprise créée dans la pépinière du Technopôle Elghazala, pionner en Tunisie dans l'inscription universitaire à distance, ainsi qu'une composante offshore de développement mobile. Son coût d'investissement est de l'ordre de 100 mille dinars. Cette entreprise assure 15 postes d'emploi et cible en particulier les marchés tunisien, français et suisse. Le responsable affirme à cet effet «que le rôle primordial du pôle est de s'orienter vers les services de proximité et à forte valeur ajoutée. Alors, «pour se changer, il faut toute une restructuration au niveau du système de management. Malheureusement, ce dernier est la cause majeure de cette défaillance. Il manque beaucoup de souplesse administrative, de communication, d'animation, d'idées innovatrices, de volonté d'encouragement et de motivation». C'est vrai qu'au démarrage, c'était totalement différent, mais actuellement et en comparaison avec nos voisins marocains et égyptiens, «le pôle d'Elghazala est encore loin d'être un parc technologique. Ce n'est qu'une agence immobilière». Même après la révolution du 14 janvier, rien n'a changé. «On souffre encore du même handicap au niveau des procédures administratives. Ce qui demande tout un changement de mentalité pour en sortir et dépasser l'instabilité et l'incertitude», ajoute M. Mouha. Dans le même ordre d'idées, Ridha Radhouane, C.E.O de Micropixel, une start-up spécialisée dans le développement électronique, estime qu' «Elghazala Technopark est l'héritage de la politique du président déchu». Pour lui, «tant qu'il est un organisme public, on ne peut aucunement améliorer sa situation ou encore assurer sa crédibilité». Justement, soutient-il, «l'infrastructure actuelle de ce parc s'est tellement détériorée qu'elle ne peut servir aucune activité technologique». De ce fait, «il est temps de privatiser le pôle pour qu'il soit dans les normes d'un espace destiné aux TIC». Pour sa part, Leïla Charfi, directrice du Microsoft Innovation Center, un espace à vocation communautaire et citoyenne, indique que «leur hébergement au pôle d'Elghazala est très bénéfique, notamment sur le plan proximité des entreprises et des universités».Sans parler de la facilité et de la souplesse au niveau de la communication et la collaboration avec les différents réseaux du pôle. Mais , elle reconnaît qu'il y a des lacunes, comme le pense la majorité des entreprises implantées dans ce pôle. Ces lacunes concernent surtout l'infrastructure, la restauration, l'animation, la communication, le nettoyage, la signalétique des locaux d'entreprises... «Ce sont les problèmes majeurs qu'on doit résoudre, avec un esprit communautaire afin de classer le Technopôle Elghazala aux premiers rangs dans le domaine des TIC», ajoute-t-elle. Même du point de vue réforme et restructuration, le projet d'extension d'Elghazala Technopark dans les nouvelles zones d'Ennahli et de La Manouba, avec 5.000 postes d'emploi supplémentaire au terme de 2011«ne reflète aucunement l'ambition de notre pays de faire de la technologie l'axe et le fondement même de tout développement économique», estime Ridha Radhouane En somme, pour revaloriser réellement le parc d'El Ghazala, donner sa pleine mesure à la composante technologique et attirer ainsi les investisseurs, notamment dans les créneaux porteurs, il est nécessaire aujourd'hui de repenser totalement son infrastructure, dans le sens d'une meilleure conformité avec les normes internationales.