Depuis que l'Unhcr, l'OMI, les ONG,les organisations humanitaires et les caravanes de solidarité ont viré du côté de Dhéhiba, il y a quelques semaines à cause de l'exode massif des habitants de Jbel Nafoussa au poste frontalier de Wazen-Dhéhiba, les protestations ne cessent pas au camp de Choucha. Somaliens, Erythréens et Soudanais exigent l'asile politique en Europe et s'en prennent quotidiennement à l'Organisation mondiale de l'immigration (OMI). D'autres Africains voudraient être rapatriés dans leurs pays d'origine. Sur les lieux, les conditions deviennent, au fil des jours, de plus en plus difficiles: manque de produits alimentaires et de couvertures, pénurie de médicaments, apparition de certaines maladies… L'incendie qui s'est déclaré dans la nuit de samedi à dimanche était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Suite au décès de 4 Erythréens qui ont péri asphyxiés, les 4.000 réfugiés campés sur place ont commencé à manifester pacifiquement puis la tension est montée d'un cran. Munis de bâtons, de branches d'arbres, de pierres et de barres de fer, ils ont barré la route qui mène de Ras Jedir à Ben Guerdane, dans les deux sens, et agressé des passants. Les rixes ont vite pris de l'ampleur le long des 6 kilomètres de route. Pour rejoindre son poste de travail, à l'Office des travailleurs à l'étranger, près de Ras Jedir M. Ali Ouni a mis deux heures de route. «Heureusement que je suis originaire de Ben Guerdane et je connais les lieux. J'ai emprunté des pistes sahariennes pour échapper aux agression et parvenir à mon bureau», nous dit-il. Au fil des minutes, la situation a dégénéré. Un incendie a éclaté. Les tentes ont été brûlées. Plusieurs victimes sont tombées parmi les réfugiés. Les pompiers et les agents de la protection civile ont été dépêchés sur les lieux pour maîtriser le feu. L'armée nationale et quelques habitants de Ben Guerdane n'ont pas usé de la force, mais ils ont empêché les manifestants de s'approcher de la ville. Des centaines de ces derniers ont été effarouchés et ont fui dans tous les sens. Les dégâts sont considérables. On parle déjà d'une dizaine de morts.