Mille fois hélas, le dictateur a été limogé, mais son «chef-d'œuvre» est toujours là. Il est au cœur de tous les secteurs, dans le subconscient des gens, dans les rues, sur les murs... Certaines personnes, aux travers salaces, s'inspirent encore de ce «chef-d'œuvre» pour préserver leurs intérêts et imposer leur loi. D'autres se contentent, en l'évoquant, de faire une multitude de radiographies anxieuses. Heureusement que dans cette période très délicate de transition, il y a des gens hyperqualifiés dans leurs domaines, qui gardent la tête froide et qui sont capables de trouver des solutions, au lieu d'expliquer le problème. Nos chefs actuels, sont-ils en train de profiter de ces personnes ressources? Certains continuent tout de même à fonctionner de la même manière qu'avant. En cas d'impasse, ils nomment quelqu'un à la place de l'autre. Mais c'est justement pour sortir de l'impasse qu'il y a eu la révolution! L'heure est à la restructuration! Nommer et dénommer n'est pas la solution! Fini «le grand échiquier»! Le peuple veut désormais faire partie du jeu. Il veut dire «bonjour» à la transparence, donner enfin un sens à ce mot, longtemps «mâché» par le dictateur et ses pions! Mardi dernier, une interview exclusive du ministre de la Culture a été publiée sur les colonnes de notre confrère Essahafa. Il s'agissait de ce projet «présidentiel» inachevé : la Cité de la culture. C'est vrai que cette énorme bâtisse, censée s'étendre sur plus de 7 hectares, et dont on commence à percevoir le profil et les couleurs, ressemble fort à ces constructions fascistes, et surtout pharaoniques, mais n'empêche que dans ces fondations, plusieurs milliards ont été déjà enterrés. Cette «terka» (héritage), comme disait M. le ministre, doit être lourde à gérer. Tout porte à croire que ce projet architectural, quelle que soit son importance, a été bâclé. Il a même dû servir les intérêts de «la piovra», dont tout le monde sait identifier les tentacules. Mais dans son interview, M. le ministre ne nous apprend rien. Il n'aime pas le projet et c'est évident. Il en fait une lecture très originale, en disant que c'est un projet d'espionnage, que son principal objectif est de réunir tous les artistes dans un même endroit pour mieux les surveiller, que la tour prévue pour être un restaurant touristique tournant, n'est autre qu'une copie de la tour de Berlin qui servait à espionner les côtés est et ouest de la ville , et de menacer ceux qui continuent à défendre ce projet d'«ouvrir la porte aux scandales». Qui sont ces gens dont il parle? Sur quoi s'est-il basé pour faire sa lecture, à part le fait que l'initiateur du projet est un flic jusqu'à la moelle? Et pourquoi ce ton «impérieux» qui veut dire «c'est ça et pas autrement»? Dans l'interview, M. le ministre nous annonce quand même qu'il va falloir finir ce projet et «penser» à l'adapter aux besoins du pays et de ses habitants. Comment? Avec qui? Avec quoi? Que feront, en attendant, les gens qui y sont déjà impliqués et dont l'avenir —croit-on savoir— en dépend? En aucun cas, nous ne cherchons la petite bête. Cette fameuse interview n'est qu'un exemple d'un certain mode de fonctionnement adopté par nos gouvernements provisoires successifs. C'est pour dire à quel point nous en avons marre de nous poser des questions. Nous voulons enfin des réponses. Ce pays a besoin de rentrer dans une «logique-solution» après avoir vécu pendant longtemps dans une «logique-problème». C'est pour ça, à notre humble avis, qu'il ne cesse de se rebeller, à tort et à travers. Il aimerait faire confiance. Il n'en peut plus de cette paranoïa qui le ronge depuis des années. De la clarté! Voilà ce qu'il veut! Pour cela, désolée de le dire, nos chefs et couvre-chefs doivent absolument apprendre à communiquer, à moins qu'ils n'aient rien à dire.