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Unités fermées ; chômage technique de la main-d'œuvre...le sommeil du juste, en somme !
Tourisme : La basse saison à Djerba-Zarzis
Publié dans Le Temps le 17 - 03 - 2008


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Faute de campagne promotionnelle, le secteur n'arrive pas à fidéliser les touristes en cette période. * C'est la vie en ralenti...le concept « haute et basse saison » est vécu comme une fatalité immanente* Contraste : la Tunisie va dépenser 3 millions d'Euros pour une campagne promotionnelle. Le Maroc, notre concurrent direct, dépensera, lui dix fois plus !
En 2008, la Tunisie est déclarée « 3ème plus bel endroit à visiter », Djerba « meilleure destination », et un hôtel de l'île a reçu « le Holiday Award » pour 2007. Même si, globalement, les chiffres concernant les scores réalisés par le tourisme sont bons, il faut apporter quelques nuances à ces satisfactions. Les statistiques publiées, à l'échelle nationale montrent des reculs dans certains marchés européens , une diminution de 19% des Anglais, de 13% des Italiens, et de 13% des Espagnols. Il faut corriger les insuffisances, combler les failles, trouver les solutions adéquates pour regagner des marchés qui risquent de nous échapper, et surtout en conquérir d'autres. Prendre notre part de ce développement exponentiel du tourisme mondial : 700 millions en 2004, 800 millions en 2005, 840 millions en 2006, et ce malgré l'envol du pétrole et la chute vertigineuse du dollar. On peut parfaitement aligner une suite de chiffres, des pourcentages, pour montrer nos progrès, soit en nuitées, soit en nombre d'entrées, comparer ainsi les avancées réalisées, d'année en année, même en « basse saison », cette période de janvier à la mi-mars, qui marque quand même une diminution sensible de l'activité de ce secteur. Derrière ces chiffres se cache une autre réalité, l'emploi contractuel, l'emploi non qualifié, qui se trouvent en première ligne à subir tout aléa.
Un peu plus de six millions et demi de touristes en 2007, avec un peloton de trois nationalités en tête. Les Libyens loin devant, avec un million et demi de visiteurs, suivis des Français, un million trois cent mille, puis viennent les Algériens avec un million d'entrées, suivis des différentes nationalités. Il faut comprendre que tout ce monde n'arrive pas à la même période, ne vient pas au pays pour les même raisons.
Pour l'écrasante majorité des Libyens, ce sont de très courts séjours, pour des soins de santé, pour des contrôles médicaux, des opérations chirurgicales et autres traitements, de dialyse ou de chimiothérapie. Peu, très peu demeurent dans les hôtels ; ils préfèrent louer chez l'habitant, c'est moins cher, ils peuvent y résider en famille et ça arrange tout le monde. Ni fisc, ni taxe, ni redevances. Un marché juteux : il faut voir la quantité de rabatteurs qui stationnent devant les cliniques de Sfax et de Djerba, et qui proposent des tas de services aux Libyens. On ne trouve donc aucune trace de cette population dans les statistiques des « nuitées », ce qui fausse tout par rapport aux « arrivées » !!. L'Office National du Tourisme Tunisien prévoit de construire un important centre d'accueil du côté de Dhiba pour informer cette importante masse des possibilités d'hébergement dans les hôtels, avec même un système de réservation sur place. Une façon de remplir les manques de basse saison.

Peu d'Algériens dans nos hôtels
Les Algériens viennent en gros durant les mois de juillet et d'août. 90 % d'entre-eux arrivent en voiture, en famille très souvent, passent pratiquement par le même poste frontière de Malloulah, ce qui pose quelques problèmes de gestion du flux. Pratiquement tous louent des appartements ou des villas meublés, privilégiant les régions d'Hammamet, de Tabarka, et quelques plages de la banlieue Nord. Le reste de l'année, ils viennent juste faire du shoping, acheter beaucoup de provisions, et résident essentiellement à Tunis.
On ne voit donc, en général, que très peu de touristes libyens ou algériens dans les hôtels de la région Djerba-Zarzis, ni d'ailleurs dans les excursions dans le désert, ni dans les palmeraies, ni dans les ksours.
Les touristes français, et tous les autres européens, viennent en vacances, par TO ou agences de voyages interposés, pour une durée déterminée, une semaine ou au plus quinze jours, séjournent dans le même hôtel même s'ils font quelques excursions. Les arrivages s'étalent sur toute l'année avec pics habituels en été et en fin d'année, ce qu'on appelle « la haute saison ». Puis, une chute prévisible, nette, celle de la « basse saison », pour les stations balnéaires. L'incontournable semaine des sports d'hiver, devenue un rituel en Europe, l'appel de nouvelles destinations en hémisphère sud, appel facilité par une concurrence de plus en plus féroce, et des prix de plus en plus abordables, la découverte des séjours dans le désert, ont accentué ce ralentissement des entrées de touristes en janvier-février. Cette baisse, connue et prévisible, des hôteliers du littoral, fait la joie d'autres régions, de l'Ouest, autour de Tozeur et Douz, qui voient leurs activités, liées au désert, méharées, circuits, marches, plafonnées en cette même période.

Peu de fidélisation
Quelques rares hôtels sont arrivés à fidéliser une clientèle européenne plutôt du troisième âge, et qui vient séjourner pendant cette période de vaches maigres. Ceux que les professionnels du coin appellent les « revenants ». En fait, des touristes qui trouvent dans ces hôtels ce qui manque parfois ailleurs : affabilité des employés, service discret et impeccable, connaissance parfaite des goûts, des désiratas, petit bouquet de fleur et gâteau d'anniversaire, réservation de la même table durant tout le séjour, le même serveur à disposition, etc. Des petits riens qui font la différence. Et surtout, pas de harcèlement, du genre « mon cousin vend des tapis ou des bijoux berbères, il vous fera un prix ». Certains sont là chaque hiver, depuis plusieurs années. Ils préfèrent passer ces deux mois à Djerba plutôt que dans la froidure de Bruxelles, Strasbourg ou Dusseldorf. Un choix économique aussi. Et ils le prouvent chiffres en main : si on comptabilise le caddie de provisions hebdomadaires, le montant de la note du chauffage, la facture de la consommation électrique, sans y ajouter les transport et les petits à côté, on dépasse de très loin le prix du séjour, prix d'avion compris, et on fait même des économies. C'est donc d'abord un calcul économique
A titre indicatif, et pour l'ensemble de la région Djerba-Zarzis, le taux d'occupation est de 32% pour février 2007 et de 33% pour février 2008. Ainsi, pour limiter les dépenses, sur les 132 hôtels de Djerba-Zarzis, une quinzaine d'entre eux sont actuellement totalement fermés. Une décision pas toujours facile à prendre, pas bonne pour l'image de l'entreprise. Alors, d'autres « ferment » de façon déguisée, et il est impossible ainsi de les classer dans cette catégorie. L'astuce ? Un hôtel composé de quatre « unités » par exemple, décide de « mettre en veilleuse » trois d'entre-elles et continue de fonctionner avec une seule !! Ainsi, officiellement, il n'est pas fermé, il continue de « recevoir » éventuellement quelques clients. C'est pendant cette période de basse saison, qu'on fait de la maintenance, qu'on répare, qu'on transforme, qu'on embellit, qu'on modernise, qu'on se met à niveau. Normalement du moins.
Mais en même temps, on profite de cette période pour « donner », pratiquement impérativement, les congés annuels aux employés titulaires, 40 % de l'ensemble du personnel, conformément à la loi. Le reste ?? 60 % de vacataires et de contrats à durée déterminée donc. Ceux-là, en basse saison, ou en cas de fermeture, « on les rappellera en cas de besoin »...
D'ailleurs, un important hôtelier de la place me le dit clairement : « Le besoin en main d'œuvre est lié à la conjoncture. Elle est prévisible même. L'hôtelier doit avoir un minimum de main-d'œuvre qualifiée comme la loi l'exige. Le chômage saisonnier touche les gens peu, moyennement, ou pas qualifiés. Nous avons besoin de cette main-d'œuvre secondaire. N'oubliez pas que certains hôtels travaillent 12 mois sur 12, d'autres sont liés à des TO qui ne travaillent que quelques mois, ou juste pour une durée déterminée ». Donc acte !!

Chômage saisonnier
Ce personnel « secondaire » contractuel, contrat de petite durée, se trouve ainsi, pendant cette basse saison, « en chômage technique », en gros, originaire du continent, de Gafsa, Sidi Bouzid, Sbeitla, Kasserine. Une moyenne d'âge de 30 ans. Les filles, comme les garçons, se retrouvent inactives, obligées de trouver des alternatives comme vendeuses dans les étals des marché hebdomadaires, serveuses dans des fast-food, ou occasionnelles dans les boutiques de prêt-à-porter. Beaucoup de précarité, une fragilité qui pousse une partie de ces jeunes femmes, souvent seules, vers les dérives de toutes sortes.
Les garçons eux se recyclent dans le « rabattage » pour les magasins de tapis et autres boutiques « spécialisées dans l'artisanat », remplies à ras bord de babioles argentées venant d'Inde, de produits marocains ou égyptiens, quand ce ne sont pas des colliers et des masques africains.....D'autres deviennent « des guides » occasionnels, chassant les sexagénaires et plus, indifféremment mâles ou femelles, en mal de compagnie plus jeune. Avec en arrière pensée l'espoir « d'une invitation » par delà la mer, le mirage d'une émigration vers un Eldorado européen, ou au minimum, le ferme espoir de recevoir des mandats mensuels....Mais ça marche plus qu'on ne l'imagine, figurez-vous !!!! Il suffit d'aller du côté des PTT, les débuts de mois.......
En cette basse saison, les taxistes, peu amènes et parfois arrogants même durant l'été, sont plus délicats et plus serviables avec la clientèle locale, qu'on faisait semblant de ne pas voir, lorsqu'on apercevait au loin un groupe de touriste en quête d'un taxi.... En cette période de petite disette, où « les tours de l'île » proposés sont rares, les files de taxis se font plus longues les jours de marché. On ne néglige plus aucune course. Cela est plus remarquable encore à l'aéroport, ou la préférence, la préséance même, allait toujours à celui qui ressemble le plus à un touriste, tablant sur une course plus longue, et parfois sur une ignorance éventuelle de la monnaie. Cela s'est déjà vu. Moins en hiver.
La multitude de vendeurs dans les magasins pour touristes, ceux qui sont habituellement au milieu de la rue, juste devant la porte, et qui par « gazelle-gazou », « Hé, moustache », « alors le belge », hèlent tous les passants, se permettent parfois des gestes un peu trop familiers, sont curieusement absents ces jours-ci. De bon matin, certains cafés connus sont déjà pleins de tablées de parties de dominos. La clientèle n'est pas à majorité de retraités, au contraire, des visages connus « du marché couvert ». Ce sont des gens payés au pourcentage par les propriétaires des boutiques. Moins de touristes, peu d'affaires, pas de ristourne. Donc le café.
Les restaurants habituellement bien remplis, le soir surtout, sont pratiquement vides. La grosse clientèle, italienne et française, la plus prisée par les restaurateurs parce que ce sont des gens qui « aiment sortir, découvrir la cuisine locale, et goûter les bons vins », contrairement à une autre clientèle « plus frileuse, qui s'en tient à un budget prévu dès le départ », est ailleurs, aux sports d'hiver. Même certaines pizzerias de bord de route, à proximité de certains hôtels, ayant pour clientèle « les demi-pension », les restaurants entourant le port d'Houmt-Souk, sont fermés. A peine quelques cafés ouverts à la Marina. Pas de glaciers, pas de grillades.
C'est le moment où les agences de location de voitures font des rabais significatifs. Il faut avoir quelques relations pour pouvoir louer une voiture de tourisme en haute saison, et s'y prendre sérieusement à l'avance. De la même façon, les agences de voyages proposent des excursions et des circuits à prix abordable. Les vacances scolaires, l'engouement pour le sud, les promotions faites pour encourager le tourisme intérieur, concordent pour faire tourner la machine en attendant la reprise, attendue pour très bientôt.
A vrai dire, il faut sortir de ce cycle « haute et basse saison » vécu comme une fatalité immanente. Il est temps de remettre à plat les insuffisances du secteur que tout le monde connaît, ne plus dépendre de ces TO qui se chargent de vendre notre produit d'abord selon leurs intérêts bien compris, arrêter la braderie de nos nuitées pour éviter le bas de gamme, et faire du remplissage d'abord. On sait maintenant que le tourisme de masse a des limites.
A titre comparatif, la Tunisie va procéder à une campagne promotionnelle, elle va y consacrer 3 millions d'euros. Le Maroc, notre concurrent direct, va dépenser lui, pour son image, 30 millions d'euros. Dix fois plus !!!!


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