Sami Trabelsi est sorti des sentiers battus. Il a convoqué Amir Omrani, Mohamed Ali Slama, Skander Ben Cheikh et Iheb Msakni. Une surprise pour les uns, un choix approprié pour les autres... De tout temps, l'équipe nationale était pratiquement l'apanage des quatre grosses pointures du championnat (EST, ESS, CA, CSS). Pour les autres clubs, il fallait être vraiment exceptionnel pour pouvoir être sélectionné. Episodiquement, on voyait un ou deux joueurs de la seconde catégorie. Or, le vent de la révolution du 14 janvier semble avoir soufflé sur le paysage de notre team national et on a vu Sami Trabelsi, l'entraîneur des "Aigles de Carthage", oser pour une fois transgresser et faire appel à ces quatre jeunes joueurs appartenant à des clubs de la seconde moitié du tableau. Une audace qui a défrayé la chronique et a suscité pas mal de curiosité, de satisfaction et de...doute. Il a fallu aller du côté des différentes parties concernées et les interroger pour vérifier la véritable portée de ces nouvelles mesures assez "révolutionnaires". Sami Trabelsi : "Le seul critère retenu est le mérite" Interrogé à ce sujet, le sélectionneur national s'est dit étonné de constater que certaines parties versent dans des justifications fantaisistes: "Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on essaye de créer une polémique autour de la convocation de nouveaux joueurs. Il faut que tout le monde sache que le staff technique est en train de faire le tour des stades et de suivre avec minutie tous les joueurs qui émergent dans le championnat local. Ceux qui ont des qualités et sont performants sont aussitôt retenus. Peu importe le club auquel ils appartiennent. Le seul critère que l'on retienne, c'est le mérite. Il est temps que l'on rompe avec les mauvaises habitudes et que l'on donne leur chance à tout le monde. On aurait bien aimé que nos joueurs expatriés soient compétitifs et donnent un plus à notre groupe. Malheureusement , ce n'est pas le cas. Alors sans le moindre préjugé, nous nous sommes rabattus sur les joueurs locaux. Seule la vérité du terrain est souveraine. Personne ne pourra contester la valeur d'un joueur qui réussit à s'imposer. C'est à lui de s'adapter et s'affirmer au sein du groupe. Nous sommes tous là pour l'encourager et pour le traiter avec équité. A ceux qui ont la mémoire courte, je tiens à leur rappeler que plusieurs joueurs issus de divisions inférieures se sont brillamment illustrés en équipe nationale : Ayadi Hamrouni, Radhi Jaïdi, Zoubeïr Beya, Riadh Bouazizi et la liste est encore longue. J'aimerais bien que cette discrimination entre grands et petits clubs disparaisse. Nous avons agi en pleine conscience et nous comptons poursuivre dans cette voie. Certes, il y a un noyau autour duquel nous travaillons dans un souci de continuité et de stabilité, mais cela n'empêche pas d' y injecter tout élément aux potentialités reconnues et susceptible d'apporter quelque chose au groupe", martèle-t-il. Adel Chédli (vétéran de l'équipe ): "A notre tour de les initier à l'état d'esprit au sein de l'équipe nationale" Adel Chédli, le doyen des "Aigles de Carthage" n'est pas du tout surpris de voir de nouveaux joueurs issus de clubs peu cotés débarquer en EN : "Au contraire, pour ma première année dans le championnat tunisien, j'ai côtoyé d'excellents joueurs dans les équipes dites faibles. Certains d'entre eux méritent amplement leur place en sélection. Notre rôle consiste à faciliter leur intégration et à les encadrer. Il faut leur parler et leur dire que le haut niveau diffère de la compétition locale. Ensuite, nous devons les responsabiliser et leur rappeler constamment que beaucoup de sacrifices sont à consentir pour s'imposer dans un groupe d'élite. Il est également utile de leur conseiller une meilleure hygiène de vie et de s'en tenir à une discipline plus rigoureuse. Par le passé, en 2004, en débarquant pour la première fois en EN sous la conduite de Roger Lemerre, Bouazizi, Jaïdi, Boumnijel et compagnie m'avaient inculqué toutes ces valeurs.A mon tour de jouer le même rôle avec la nouvelle vague", a-t- il confié. Ce qu'en pensent les quatre nouveaux mousquetaires. Ils sont unanimes pour dire que leur convocation ne constitue guère une surprise et représente plutôt un aboutissement logique de leur progression au sein de leurs clubs respectifs. Iheb Msakni (ST) : "Je ne peux pas vous dire que je m'y attendais à 100‑%.Mais j'avais le pressentiment qu'un jour ou l'autre, on finira par être convaincu de mon rendement. Maintenant, la balle est dans notre camp. A nous d'être à la hauteur de la confiance placée en nous par le staff technique. Il faut se plier à la loi de la saine et loyale concurrence. C'est une question de personnalité et de force de caractère. Il suffit de briller pour mériter une place. Il n' y a pas d'autre critères pour faire la différence", a-t-il affirmé. Amir Omrani (EGSG) : "Je ne crois pas que le staff technique ait fait son choix par complaisance. Personnellement‑, j'ai déjà fait partie de la liste élargie pour le Chan 2011 au Soudan. J'ai même participé au stage du Maroc. Je ne compte pas venir en EN pour faire de la simple figuration. Comme tout jeune joueur ambitieux, je voudrais bien y faire une longue carrière. Je dois travailler pour faire valoir mes qualités. Rien ne s'offre sur un plateau doré. Tout s'acquiert au prix de l'effort et du sacrifice.Dans le groupe, je ne me sens pas dépaysé. J'espère y réussir ", a-t-il déclaré. Mohamed Ali Slama (ESZ) : "Je travaille bien dans mon club. J'essaye tout le temps d'appliquer les consignes qu'on me prodigue pour m'améliorer. Le staff technique de l'EN m'a donné confiance. J'espère être à la hauteur de ses attentes. C'est une belle opportunité pour vivre la nouvelle expérience du niveau international. C'est une autre ambiance. Il faut savoir en tirer profit pour progresser" , a-t-il dit avec beaucoup d'émotion. Skander Ben Cheikh (JSK) : "J'ai pratiquement fait partie de toutes les sélections dans les catégories des jeunes. J'estime donc que ma convocation en équipe première s'inscrit dans la logique des choses. D'ailleurs, je n'ai pas trouvé beaucoup de difficultés pour m'intégrer avec le groupe. Je connais pratiquement tout le monde. C'est un facteur qui peut m'aider pour imposer mes qualités. J'espère avoir une chance pour confirmer tous les espoirs placés en moi", a-t-il lâché en toute sérénité.