«Le bâtiment écologique, choix stratégique et facteur de développement», tel est le thème de l'atelier international organisé, hier à Tunis, par le Centre technique des matériaux de construction, de la céramique et du verre (Ctmccv), en collaboration avec l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme) et avec le soutien de la coopération allemande (GIZ). Cette rencontre a pour objectif de lancer un débat avec la collaboration de différents participants tunisiens et internationaux concernant la stratégie à mettre en œuvre pour la concrétisation des objectifs de l'Etat en terme de promotion de l'utilisation de bâtiments écologiques, en profitant des expériences internationales dans ce domaine, tout en favorisant une meilleure coordination entre les différents organismes nationaux concernés à travers une meilleure optimisation des ressources humaines et financières. La construction de bâtiments écologiques devra suivre la démarche internationale de la Haute qualité environnementale (HQE) dans le secteur du bâtiment qui a pour objectif de réaliser des bâtiments neufs et d'améliorer des bâtiments existants qui auront dans leur ensemble des impacts limités sur l'environnement pour atteindre les différentes cibles relatives à la maîtrise des impacts sur l'environnement extérieur, tout en créant un environnement satisfaisant à l'intérieur du bâtiment. En ce qui concerne la maîtrise des impacts sur l'environnement extérieur du bâtiment, la stratégie nationale devra favoriser l'éco-construction à travers la création d'une relation harmonieuse entre les bâtiments avec leur environnement immédiat tout en encourageant l'intégration intelligente des procédés et des produits de construction en favorisant l'utilisation des matériaux locaux à faible énergie grise nécessaire pour sa production et en veillant à réduire les nuisances au niveau des chantiers. «A rappeler que la Tunisie a vu son parc de logements augmenter durant les trois dernières décennies à un rythme annuel de 3%. Ce secteur s'est développé malheureusement sans réelle prise en compte des conditions énergétique et environnementale, ce qui a eu comme conséquence d'importantes quantités d'énergie dépensées inutilement», souligne Mounir Bahri, directeur général du Ctmccv. «Cette situation, ajoute-t-il, a contribué à l'augmentation progressive de la part de la consommation énergétique de ce secteur qui occupe actuellement la troisième place avec 27% de la consommation nationale et va devenir le premier consommateur d'énergie à l'horizon 2030». Quant à la consommation d'énergie pour la production des matériaux de construction, le secteur industrie des matériaux de construction consomme à lui seul 61% de la consommation totale de tout le secteur industriel qui est actuellement le premier consommateur d'énergie avec 36% de la consommation nationale. Le secteur du bâtiment emploie plus de 680.000 employés, répartis dans les entreprises opérant dans les différentes activités, selon le directeur général. Ainsi, le secteur du bâtiment contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre (GES) avec environ 20% des émissions dues à la consommation d'énergie finale hors électricité. Ces émissions pourraient s'élever à près de 4.300 millions de tonnes équivalent CO2 à l'horizon 2030 dans le monde, dont plus de la moitié serait générée par les pays en développement. Pour sa part, Noura Laroussi, directrice générale de l'Anme, a indiqué que la Tunisie accorde un intérêt particulier à l'économie d'énergie dans le secteur du bâtiment, notamment à travers la promotion des constructions basse consommation d'énergie et à énergie positive, et ce, eu égard au rôle actif de ces types de construction aux niveaux économique, social et environnemental. En outre, «la réalisation de constructions écologiques nécessite, essentiellement, l'adoption d'une conception architecturale bioclimatique, le choix de matériaux et produits de construction de hautes performances thermiques et à faible énergie grise, le choix d'équipements énergétiques de hautes performances énergétiques et l'intégration des énergies renouvelables, principalement pour le chauffage de l'eau sanitaire et l'auto-production d'électricité», déclare la directrice. Cette démarche permettra, à l'échelle macro-économique, d'améliorer le bilan énergétique du pays, de couvrir ses besoins énergétiques au moindre coût et d'atténuer la pollution due à l'utilisation des énergies fossiles. A l'échelle micro-économique, elle permettra d'assurer des conditions naturelles de confort thermique, de réduire la facture énergétique du bâtiment et de contribuer à la protection de l'environnement. En conclusion, les résultats à atteindre par le développement de la construction écologique convergent avec ceux à atteindre par la stratégie nationale de maîtrise de l'énergie dans le secteur de la construction, et représentent un défi à relever par la Tunisie qui doit s'appuyer davantage sur la coopération entre les acteurs du secteur de la construction et la volonté de consolider les relations avec les pays frères et amis pour le renforcement des capacités, le transfert technologique et la mobilisation des ressources financières dans un domaine aussi vital que celui de l'énergie et de la protection de l'environnement. Ce défi traduit l'engagement de la Tunisie sur la voie d'un développement économique et social respectueux de l'environnement et du développement durable.