La librairie Clairefontaine de la rue d'Alger à Tunis accueillait samedi dernier une petite rencontre à laquelle participait l'archevêque de Tunis, monseigneur Maroun Lahham. L'occasion ? Présenter un livre qui vient de paraître aux éditions Finzi, intitulé Carthage en chemin – Histoire de l'archidiocèse de Tunis. Un livre qui retrace le parcours du christianisme en terre de Tunisie, depuis les tout premiers siècles jusqu'à aujourd'hui en passant, bien sûr, par les derniers moments de la Tunisie romaine, le siècle vandale qui fut en réalité une épreuve pour l'église catholique puisque les Vandales étaient adeptes de l'arianisme – une «hérésie» chrétienne —, l'époque byzantine et, soulignera l'homme d'Eglise, les quatre siècles pendant lesquels le christianisme s'est maintenu après l'arrivée des Arabes et de l'islam… «Ibn Khaldoun parle de villages chrétiens dans la région de Nefzaoua (sud du pays) jusqu'au XIIe siècle». L'idée de ce livre, explique Maroun Lahham, est venue d'une «crise de jalousie». Les auteurs, qui sont Luigi Lorenzato et le photographe Antonio Tomasello, étaient de passage à Tunis et avaient avec eux un livre qu'ils venaient de publier et qui présentait une région d'Italie : «Pourquoi pas nous?, ai-je dit». Mais, même si cet événement remonte à la période d'avant la révolution, on ne peut s'empêcher de penser que le livre arrive à point nommé pour rappeler aux uns et aux autres que la Tunisie porte en son sein une diversité de traditions et que, quelle que soit la déférence que l'on peut avoir envers l'une d'entre elles, en tant que religion de la majorité des Tunisiens, cela n'interdit pas, au contraire, que les autres traditions aient également leur place dans notre patrimoine vivant et dans la représentation de notre identité nationale. Il se trouve que ceux-là même qui font valoir la dimension plurielle de notre identité, dans le contexte de préparation d'une constitution nouvelle pour le pays, n'ont pas toujours une idée assez claire de ce que fut chez nous le christianisme. «La Tunisie a donné trois papes à l'Eglise», rappelle à ce propos l'archevêque. Qui ajoute par ailleurs que le christianisme n'a jamais complètement disparu de cette terre de Tunisie. Il s'y est plutôt adapté… «comme l'eau dans le fleuve !»