• 23% des décès pour problèmes cardiovasculaires D'éminents cardiologues venant de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Autriche, de Belgique et de Tunisie ont pris part aux travaux de la 8e session des Journées tuniso-européennes de cardiologie pratique qui se sont déroulées à Sousse les 9, 10 et 11 juin. Plusieurs conférences-débats ont traité de plusieurs thèmes d'actualité, à savoir les maladies coronaires, l'infarctus du myocarde, la cardiologie interventionnelle… Contacté, le professeur Abdallah Mahdhaoui — enseignant de cardiologie à la faculté de Médecine de Sousse et président du comité d'organisation de ces journées — nous a indiqué qu'«en Tunisie, la maladie coronaire représente une véritable épidémie. Elle est la première cause de mortalité dans notre pays. En effet, a-t-il poursuivi, 23% des Tunisiens meurent d'un problème cardiovasculaire. Cela est lié à la fréquence des facteurs de risque cardiovasculaire, à savoir qu'un Tunisien sur quatre, âgé de plus de plus de 35 ans est hypertendu et que 9% de la population est diabétique et que 4% de la population adulte présente un surpoids. Ce qui favorise l'occlusion et la sténose des artères coronaires, causant l'infarctus du myocarde et pouvant entraîner la mort des patients.» Les nouveaux anti-agrégants plaquettaires dans les maladies coronariennes Le professeur Paul Barragan — cardiologue et chercheur en biomécanique cardiaque à Toulon (France) — a indiqué au cours de son intervention portant sur «Les nouveaux anti-agrégants plaquettaires dans les maladies coronariennes» qu'aujourd'hui le traitement non invasif de la maladie coronarienne (angine de poitrine, infarctus) se fait par la mise en place d'endoprothèses coronaires ou «stents» dans plus de 90% des cas. Jadis, pour éviter la survenue d'un caillot au niveau du «stent», les cardiologues utilisaient l'association de deux anti-agrégants plaquettaires, à savoir l'aspirine et la ticlopédine (molécule chimique de synthèse). Si l'aspirine reste incontournable, la ticlopédine est une molécule qui va bloquer les récepteurs dits «P2 Y12» de la plaquette sanguine. Celle-ci est remplacée actuellement par de nouvelles molécules de synthèse, à savoir : le clopidogrel, le plasugrel et le ticagrelor. Le clopidogrel, a-t-il poursuivi, est utilisé très largemente chez les malades ayant un infarctus du myocarde ou une angine de poitrine (angor-pectoris) parce qu'il est moins toxique que la ticlopidine pour les lignées sanguines (globules blancs et plaquettes). Le plasugrel semble être plus puissant et particulièrement adapté en cas d'infarctus du myocarde aigu. Cependant, le ticagrelor a montré sa supériorité récente (étude Platoo, 2009) par rapport au clopidogrel. «Les cardiologues sont donc confrontés à la possibilité d'utiliser plusieurs traitements différents pour encadrer la pose des «stents» coronariens. On espère que le choix des médicaments à base des molécules chimiques de synthèse précitées sera fondé sur des considérations économiques en raison de la cherté de ces nouvelles molécules», a-t-il conclu. Complications hémorragiques et impact clinique Au cours de son intervention portant sur «les complications hémorragiques et impact clinique», le professeur Faouzi Added — enseignant de cardiologie au CHU Abderrahman — Mami à l'Ariana — a insisté sur l'intérêt d'évaluer le risque de saignement en utilisant les nouvelles molécules de synthèse (ticlopidine, clopidogrel…) pour traiter l'angine de poitrine et l'infarctus. «Un travail de recherche réalisé dans notre service a permis de mettre en évidence un risque de saignement grave dans 3,9% des patients.» Il a précisé qu'il opte pour une stratégie individualisée du traitement anti-agrégant plaquettaire au lieu d'un traitement standardisé pour tous les patients. «Le challenge futur du cardiologue sera d'intégrer le risque de thrombose et de saignement afin d'établir un traitement à la carte», a-t-il conclu. Angioplastie primaire au cours de l'infarctus du myocarde Le professeur Dhaker Lahidheb — enseignant à la faculté de Médecine de Tunis et chef de l'unité de cardiologie interventionnelle à l'Hôpital militaire de Tunis — a défini l'angioplastie primaire connue une procédure pour déboucher une artère coronaire occluse suite à un infarctus du myocarde. Elle se fait par catéthérisme cardiaque pour accéder aux artères du cœur par l'artère fémorale ou préférentiellement l'artère radiale au niveau du poignet. Les catéthères aspirent le caillot sanguin responsable de l'obstruction de l'artère coronaire. On injecte aussi des médicaments anti-agrégants plaquettaires dans les artères coronaires avec la mise en place d'une endoprothèse, «stent». Le rôle de cette endoprothèse est de maintenir l'artère coronaire ouverte pour garder un flux sanguin normal. Parmi les causes des thromboses des artères coronaires du cœur, il y a lieu de citer : le tabac, le diabète mal équilibré, l'obésité et la sédentarité. «Le malade atteint d'une douleur à la poitrine (angine de poitrine) doit consulter rapidement son médecin traitant ou appeler le Samu (190) pour un transfert rapide à un centre de cardiologie interventionnelle», conclut-il.