• Arcady, Anne Parillaud, Vincent Elbaz, Fellag et Samy Naceri sont à Tunis. Quelle bonne nouvelle! Un film étranger est en tournage en Tunisie. En cette période encore trouble du pays, un cinéaste a choisi notre lumière, nos décors naturels et nos compétences pour réaliser l'adaptation d'un roman dont les évènements commencent dans l'Algérie de 1930. Il s'agit d'Alexandre Arcady et de Ce que le jour doit à la nuit de l'écrivain algérien, Yasmina Khadra, de son vrai nom, Mohamed Moulessehoul Déjà, bien avant le 14 janvier, les techniciens du cinéma ont du mal à travailler de manière régulière. Après la révolution, la plupart sont en train de chômer en attendant que le secteur se réorganise et que l'autorité de tutelle décide d'intégrer le dossier du 7e art dans ses priorités. Voilà qu'un Arcady débarque avec son équipe et ses acteurs Vincent Elbaz, Anne Parillaud, Fellag et Samy Naceri pour que le moteur tourne et pour que la vie redonne ce qu'elle doit au cinéma. Le film actuellement en tournage à Tunis, raconte l'histoire de Younes, alias Fellag. Alors que ce dernier n'a que 9 ans, son père, paysan, perd ses terres ancestrales, ruiné par un spéculateur autochtone. Imaginant un avenir plus radieux pour son fils, l'homme décide de confier son enfant à son frère pharmacien parfaitement intégré à la communauté pied noir d'une petite ville de l'Oranais. Servi par son physique européen, Younes est tout de suite accepté par la communauté aisée de province. Il se fait même des amis parmi les jeunes colons, qui lui donnent un nouveau prénom‑: Jonas. Il découvre avec eux les joies de l'existence et partage leurs rêves d'adolescents privilégiés que ni la Seconde Guerre mondiale ni les convulsions d'un nationalisme arabe en pleine expansion ne perturbent. Jusqu'au jour où revient au village une fille splendide qui s'appelle Emilie… En lisant ce roman, on a l'impression que cela se passe en temps réel, tellement les jours et les nuits coulent comme dans la vie, avec leurs moments de bonheur et de tristesse et leurs tournants inattendus. La romance tient une place importante dans l'histoire, mais le social et le politique sont toujours aussi présents chez Yasmina Khadra. Dans Ce que le jour doit à la nuit, l'auteur engagé réussit à éclairer d'un nouveau jour ce conflit qui avait opposé deux peuples amoureux d'un même pays. Arcady saura retranscrire l'époque. Il est bien placé pour rendre à l'écran ce point de vue et ces différents personnages si bien nuancés par l'auteur. Né d'une mère juive d'Algérie et d'un père légionnaire d'origine hongroise, Alexandre Arcady s'installe avec sa famille en métropole en 1961. Il s'essaye d'abord à la mise en scène théâtrale, puis réalise quelques courts métrages et enregistre en 1978 une représentation de Don Juan de Molière. En 1979, il réalise Le Coup de sirocco, son premier long métrage largement autobiographique. Ce film est aussi le premier qui s'adresse au public des «pieds-noirs», jouant sur la chronique nostalgique de l'exil et le souvenir du «pays perdu»…