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La kora réinventée
Mamadou Diabaté
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 06 - 2011

Mamadou Diabaté est un musicien malien issu d'une lignée de griots, c'est-à-dire les détenteurs de la tradition orale, installé aux Etats-Unis depuis une quinzaine d'années. Il est considéré actuellement comme l'un des instrumentistes les plus doués de la kora — une harpe à 21 cordes, née dans le Gabou, une région à cheval sur la Gambie, le Sénégal et la Guinée-Bissau, et qui constitue l'instrument typique de la civilisation mandingue — et des plus novateurs, dans la mesure où il ne s'est pas contenté de reprendre les mélodies traditionnelles qu'il a apprises auprès de son père. Une touche personnelle est donc perceptible dans tous ses albums même si le détour par la tradition est incontournable et le guette derrière chaque note.
Pour donner un nouveau souffle à la musique du terroir, il n'hésite pas à s'ouvrir à d'autres horizons musicaux : Donald Byrd et Randy Eston pour le jazz, Angélique Kidjo et Thoma Mapfumo pour la pop africaine, Taj Mahal et Eric Bibb pour le blues. Sans oublier les grandes stars de son pays qui l'associent très souvent à leurs tournées inernationales. Il a à son actif plusieurs albums : «Tunga», «Behmanka», «Heritage», «Courage»… Mais celui dans lequel il semble atteindre à la perfection, c'est sans doute «Douga Mansa» (le vautour du roi), un air très connu en Afrique de l'Ouest, où l'image du vautour est liée à la chasse et surtout à la patience. C'est que dans cet opus, il s'avise, comme dans la plupart de ses albums, d'inventer de nouvelles sonorités où l'audace dans la poïétique le dispute à la virtuosité et à une sensibilité d'écorché vif. Le musicien fait corps avec son art, celui-ci fond en lui.
Si l'art est «l'homme ajouté à la nature», dans «Douga Mansa», Mamadou Diabaté fait œuvre de surhomme, l'art est d'abord élevé à hauteur d'homme, puis repoussé jusqu'au bord de l'indicible. Son subtil jeu qui passe de la basse à l'aigu et vice-versa, dans une absolue pureté, a ceci d'émouvant qu'il exalte l'âme, la conduit vers des espaces éthérés, à la lisière du songe et de la cénesthésie. Dans son univers musical, se côtoient l'amour, le pouvoir… la mort. L'enjouement, loin du groove habituel des musiques négro-africaines, se mêle souvent à la mélancolie, la musique chaloupe au gré des vicissitudes de la vie. C'est ainsi que les intervalles sonores sont si bien agencés, le rythme est si altier que certains morceaux comme «Donsoke» (dédié aux chassseurs, mais joué aussi en souvenir d'une personne défunte) ou «Kora Gabou» suscitent à la fois un sentiment esthétique et une sorte de ravissement qui vient nous rappeler que «la vie sans la musique n'est… qu'un tracas, un exil».
Goethe disait que «l'architecture est une musique pétrifiée». Disons inversement que Mamadou Diabaté a fait de la musique une architecture en perpétuel mouvement; en allant puiser dans les notes traditionnelles qui symbolisent une Afrique idyllique où le griot était le garant de la cohésion sociale et la mémoire infaillible de la société, en les remodelant à sa guise, il prouve, ainsi, que son art, dans sa plénitude, s'écarte de l'immobilisme pour, à la fois, épouser l'Afrique d'antan et celle d'aujourd'hui. 
A notre humble avis, comme on le dit souvent à propos de certaines œuvres classiques, qu'elles soient littéraires ou artistiques, méconnaître ces airs venus du tréfonds de l'être et d'une contrée où à chaque jour suffit sa peine, c'est passer, à coup sûr, à côté de quelque chose. Les hommes de talent au raffinement prononcé quériront toujours l'art incognita.
L'été s'est déjà installé : notre souhait est de voir la kora de Mamadou Diabaté s'élancer dans les ciels étonnamment bleus de Tunisie. L'art et la Révolution ne s'en porteront que mieux.


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