La facture des six premiers mois de raids aériens britanniques en Libye avoisinera 260 millions de livres (281 millions d'euros), a estimé jeudi le ministre de la Défense Liam Fox, confronté à une dépense largement plus importante que prévue. Dans une déclaration écrite aux députés, M. Fox a indiqué qu'aux coûts des opérations menées par la Royal Air Force (RAF) et la Navy, "d'environ 120 millions de livres", s'ajouteront 140 millions de livres correspondant "au remplacement des missiles et autres munitions, si les opérations se poursuivent au niveau actuel". Le ministre a justifié le surcoût par l'utilisation intensive "d'armes de précision plus onéreuses, en vue de limiter au maximum le nombre de victimes civiles en Libye". La campagne de bombardements a été lancée en mars, en exécution de résolutions de l'ONU. Elle vise à voler au secours des populations libyennes en butte à la répression sanglante du régime du colonel Mouammar Kadhafi, lui-même confronté à une insurrection sans précédent en 42 ans de pouvoir absolu. L'OTAN, chargée de la conduite des opérations de la coalition internationale dominée par les Britanniques, les Français et les Américains, a prolongé la campagne jusqu'au mois de septembre. A cette date, une nouvelle prolongation sera éventuellement décidée, au vu des résultats obtenus. En Libye, la Grande-Bretagne a engagé des avions de combat Eurofighter et Tornado, des avions de surveillance, des sous-marins, deux frégates et depuis peu quatre hélicoptères de combat Apache. Le Premier ministre David Cameron affirme à qui veut l'entendre que la mission durera "aussi longtemps qu'il le faudra". Face au colonel Kadhafi --qui s'accroche au pouvoir en dépit de son isolement, des sanctions et des frappes-- M. Cameron a réaffirmé jeudi encore que "le temps joue en notre faveur", à l'occasion d'une visite à Prague. Depuis quelque temps cependant, il est confronté à une grogne de l'armée. Plusieurs hauts responsables ont exprimé dans des documents connus par des fuites dans les médias leurs craintes de ne pas pouvoir assurer leur mission, du fait de la diminution de 8% du budget national de défense, le quatrième plus important au monde, en application de la politique générale d'austérité. Les coupes se traduisent par l'abandon de programmes d'avions, de chars, de navires, et par une réduction de 11.000 effectifs, alors même que le pays est engagé dans deux conflits. Aux opérations aériennes en Libye s'ajoute un déploiement terrestre de 9.500 soldats en Afghanistan, où Londres est engagé depuis 2001. Ces deux opérations sont cependant sans commune mesure, au plan financier. Le ministre des Finances George Osborne avait insisté sur ce point fin mars, en prévoyant une facture libyenne "modeste" en comparaison du montant des opérations terrestres en Afghanistan. L'affaire se chiffrera "en dizaines de millions et non pas en centaines de millions de livres", avait-il déclaré à l'époque. Les projections annoncées jeudi par Liam Fox sont autrement plus conséquentes sur la Libye. Mais l'ardoise reste très en deça du coût annuel de la guerre d'Afghanistan, évalué à 4,6 milliards d'euros par Malcolm Chalmers, expert au Royal United services Institute.