Le vendredi 24 juin, s'est tenue la deuxième soirée de la cinquième édition du Fest. Une fois de plus, l'Acropolium de Carthage, avec toute sa splendeur, offrait un lieu inouï pour produire et découvrir du son électronique, venu, cette soirée-là, d'Italie, d'Egypte, de Tunisie et de Grande-Bretagne. Empêché par la maladie, l'artiste allemand Byetone n'a pu être de la fête. Avant le concert, le public pouvait, dès 11h00, visiter les installations permanentes inaugurées la veille, à l'ouverture. Le Fest n'est pas uniquement centré sur la musique électronique, mais aussi sur tout ce qu'il y a autour comme création, d'où son appellation de festival des cultures numériques. Des disciplines qui ne cessent de se ramifier et de flirter avec l'art dans son sens le plus noble, dont les acteurs font preuve de créativité et d'ingéniosité. L'une des aspirations des organisateurs, c'est d'y ancrer le volet pédagogique, afin d'assurer le relais parmi les jeunes. Ce dernier se manifeste à travers des ateliers inclus dans le programme. Celui de vendredi dernier, qui a débuté à 19h00, a permis aux intéressés de s'initier au vjing, ou mixage vidéo en live, par les soins du duo anglais Addictive TV, qui a compté parmi les artistes de la soirée d'ouverture. Le plat principal de la soirée a été servi aux alentours de 21h00. Sur scène, l'installation Honeycomb Factory a été le support visuel de tous les artistes programmés, pour accompagner leurs compositions. Il s'agit d'une «idée originale de Julien Vulliet, artiste digital français basé à Londres, en collaboration avec le Tunisien Haythem Zakaria, également artiste digital, basé à Paris. Elle part de la volonté de mettre en relief une des formes d'expression de la nature, l'hexagone. Cette forme régulière à six côtés retrouvée dans les ruches sera le support d'expression d'une mosaïque virtuelle évolutive à travers la projection de différents graphismes sous forme d'images et de vidéos», nous dit-on. Certains ont préféré composer avec ces alvéoles singulières, d'autres les ont considérées comme un simple écran de projection pour leurs propres installations vidéo. Les premiers à monter sur scène étaient les Italiens Otolab ou l'expérimental poussé à l'extrême. Ce groupe de musiciens qui compte parmi ses membres des DJ's et Vj's, des concepteurs de sites internet, des designers graphiques et des architectes, porte bien son nom. Ce qu'ils proposent semble sorti tout droit d'un laboratoire de sons. Une expérience qui fait de la rencontre de l'ouïe et de la vue, un univers unique. Le public qui commençait à affluer, s'est immobilisé pendant la durée de la performance. Le voyage était plus spirituel que corporel, «basé sur le concept du jardin comme une vision de l'âme, vie terrestre et éternité». L'Egyptien Mahmoud Refaat a ensuite pris la relève. Fondateur du label 100Copies et du festival de musique électronique 100Live, basés dans son pays natal, il est également l'auteur d'un son qui n'a froid ni aux yeux ni aux oreilles. Etant habitué à composer pour le théâtre et le cinéma, il a eu de quoi assurer le réveil du public, de plus en plus nombreux. A l'arrivée du Tunisien Haythem Achour, de son nom de scène Ogra, l'ambiance avait dépassé les échauffements pour entrer dans le vif du sujet. Ses mix, allant du dubstep à l'electronica, ne sont autres que le résultat de son parcours entre Tunis et Paris. Il est à rappeler qu'il est l'initiateur des soirées du collectif de musique électronique Waveform, à Kobet Lahoua à la Marsa. La dernière partie du concert a, quant à elle, été assurée par l'Anglais Surgeon, producteur et compositeur référence dans son pays depuis les années 90. Son style est défini comme «un parfait équilibre entre une musique cérébrale et une techno minimale contemporaine prête à enflammer le dancefloor». Et les dancefloors, il y en avait deux, vendredi dernier, et même à l'ouverture. En sortant de l'acropolium, vous pouviez constater qu'une autre catégorie de public, qui constitue la majorité, campait dehors, dans le parking, alors que le spectacle se passait dedans. Une nouvelle tendance que les organisateurs devraient songer à étudier.