Avec une quarantaine de minutes de retard, le magistrat en charge du dossier, M. Touhami Hafi, est entré dans la salle d'audience suivi de ses assesseurs pour annoncer brièvement le report à lundi, 4 juillet, grève des magistrats oblige, du second procès de l'ancien président pour détention d'armes, de drogue et possession illicite d'objets archéologiques. Les supputations allaient déjà bon train dans la salle 10, bondée d'avocats et de journalistes, quant à un éventuel report de la date et tournaient autour du procès en cours et des possibilités d'extradition de Ben Ali et de sa femme. «De toute façon, j'allais demander le report du procès parce que nous n'avons pas pu entrer en contact avec notre client réfugié en Arabie Saoudite, mais aussi pour prendre le temps nécessaire d'examiner les requêtes du ministère public», devait déclarer Maître Hosni Béji, l'un des avocats commis d'office pour défendre l'ancien président. Jugeant la condamnation de l'ancien président à 35 ans de prison ferme lors du premier procès «très sévère», il entend demander «la convocation pour témoignage de hauts responsables de l'Etat». Son collègue Maître Dakhli, s'est retiré, quant à lui, de l'affaire parce qu'il «ne pouvait pas défendre le bourreau du peuple». Pour Maître Abderraouf Ayadi, «Ben Ali bénéficie de la protection des pays arabes et de certains pays occidentaux. Ce qui rend son extradition difficile voire impossible». Ce n'est pas l'avis de cet autre avocat qui pense que «la Tunisie n'a pas mis beaucoup de pression sur l'Arabie Saoudite pour extrader Ben Ali». Lors du premier procès qui s'est déroulé le 20 juin dernier, l'ancien président et sa femme, tous deux en fuite, avaient été condamnés, chacun, à 35 ans de prison ferme et 91 millions de dinars d'amende pour malversations et détournement de fonds. Ce procès a été jugé «expéditif par de nombreuses personnalités ou organisations peu suspectes de sympathie pour Ben Ali». Contrairement au premier procès qui avait drainé la foule, celui d'hier n'avait pas connu la même affluence et même si l'attente avait duré plus de 90 minutes, aucun incident n'a été signalé. «Nous voulons un vrai procès et non un simple exutoire pour calmer le peuple», scandait à l'entrée du tribunal un homme qui levait une pancarte dans laquelle on pouvait lire que «Ben Ali doit payer pour les crimes qu'il a commis dans un procès équitable». Notons que l'ex-président reste sous le coup d'une centaine de chefs d'accusation, dont certains ont été portés devant le Tribunal militaire.